rêver c'est bon

J'ai complètement arrêté les antidépresseurs. Disons que je suis à jeun, complètement, et que j'ai peur. Peur de ces maudites émotions qui peuvent me submerger pour un oui ou un non, colère explosive ou braillage des familles. Peur de la dépression, peur de l'anxiété débilitante. Peur de perdre le contrôle. Je ne suis pas allée travailler, ni hier pm, ni aujourd'hui (j'ai des engagements les samedis de temps à autre). Trop maganée. Mal dormi (je me réveille la nuit, genre, il est 4 heures am et je ne suis plus capable de positionner mon bras scrape et de me rendormir), mal au ventre (intestins irritables qui m'en font parfois voir de toutes les couleurs), mal à la tête, pas de bonne humeur, ma fille qui n'a pas d'empathie (prend tout, ne donne rien) et qui est l'exacte copie de l'homme que je déteste le plus sur la planète, son insignifiant de père (de qui j'ai divorcé suite à la naissance de ma fille). Et une espèce de fatigue chronique est en train de s'installer, à moins que cela ne soit une illusion de fatigue, alors que je n'ai plus d'antidépresseurs pour mettre un filtre entre moi et la réalité sèche et dure. J'ai tout le temps mal quelque part. Il y a tout le temps un empêcheur de tourner en rond, que ça soit physiquement ou mentalement. Pas moyen de prendre un break, pas moyen d'arrêter cela, pas moyen de prendre des vacances de moi-même. Pourtant, je suis une privilégiée. Je ne vais pas mourir demain d'une maladie mortelle. J'ai tout ce qu'il faut pour prendre soin de moi. Je vis dans une société, à une époque qui soutient les girls comme moi avec des pilules et d'innombrables soins disponibles si je veux ($). Je prend un paquet de comprimés à longueur de journée, tous les jours que le bon Dieu amène. Des lactobacilles, de la vitamine C, des Ubiquinol, des Wake-up quand trop scrape, Elavil la nuit (pour douleurs intestinales chroniques), des antispasmodiques, des anti-inflammatoires (Ibuprofène, etc.), des anti-douleurs (acétaminophène), des Gaz-X (siméthicone), des riva-rizatriptan (migraines sévères), des cyclobenzaprine (relaxant musculaire), du charbon activé, des comprimés de curcumine (anti-oxydant), et j'en passe sûrement. J'ai 47 ans, je suis une femme dite "active et en bonne santé". De quoi je vais avoir d'l'air à 60 ans??? Me semble que je prendrais un congé sabbatique, là, maintenant. Longtemps. Je déménagerais ailleurs, là où les arbres sont plus verts et les cieux plus bleus et la vie plus belle. J'irais me promener sur le bord de la beach tous les matins avec un chien neuf qui m'aimerait inconditionnellement et qui courrait comme un fou mais reviendrait toujours à mes côtés pour une caresse et des bons mots. Je respirerais l'air salin à longueur de journée, installée sur ma jolie terrasse où j'écrirais mes Mémoires. La femme de ménage viendrait deux fois par semaine torcher les lieux et remplir le frigo de plein de bonnes choses pour la santé, faciles à faire et faciles à digérer. Elle serait gentille et discrète. Il ne ferait jamais ni trop chaud ni trop froid. Je ne serais jamais malade. Je n'aurais jamais mal nulle part. Je respirerais la forme, la santé, la gratitude et le bonheur. Je serais en harmonie avec l'univers.