ma fille et l'argent: suis-je un monstre
Est-ce que j'essaie de ramener ma fille aussi bas que je l'étais à son âge? Je paie, avec mon ex-mari, les études de ma fille. Elle est à l'université. Elle reste avec moi à temps plein parce que son père vit en dehors de la ville et c'est trop loin selon la petite et "elle ne peut pas l'endurer" (le père en question). Nous lui avons promis le financement complet de ses études jusqu'à la fin (jusqu'à ce qu'elle soit autonome et indépendante). Hier soir, elle me dit qu'elle a le projet, dans deux étés, de ne pas travailler (elle a un boulot d'été dans un centre d'amusement gigantesque en ville), et d'aller en Australie. Ce matin, elle me montre une montre sportive splendide qu'elle vient de s'acheter. Cette semaine, j'ai reçu la facture des frais de scolarité de l'université pour l'hiver 2017, à payer, bien sûr, incessamment. Je suis restée avec cela sur l'estomac, cette espèce de glorieuse vie qu'elle se fait, en trouvant tout cela fort naturel. Je comprends qu'elle a un petit travail dans un café de sa faculté, 15 heures par semaine. Je comprends qu'elle se donne à fond dans ses études. Qu'elle fait ce qu'elle a à faire. Je n'ai rien à dire contre cela, et je suis fière d'elle. Mais je trouve cela relativement impudent, cynique même, qu'elle se tape des voyages que jamais je n'aurais pu me taper à son époque, tout en obtenant du financement de ses parents pour les études. Je comprends bien qu'elle les paie avec son argent, ses voyages (six semaines aux pays baltes le printemps dernier), mais quand même, cela me reste en travers de la gorge. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui en parler ce matin, en lui faisant part de mon malaise (elle sait que je suis partie de chez mes parents à 18 ans, que j'ai vécu pauvrement et que j'en ai arraché pendant des années, que j'ai payé moi-même mes études universitaires, avec des dettes de 28 000$ que j'ai remboursées jusqu'à l'âge de 36 ans). Je lui ai dit que jamais je n'aurais eu le culot de faire des voyages au lieu de travailler, et de diminuer d'autant l'impact sur le portefeuille des parents concernant ses études. Elle s'est sentie insultée et m'a dit: "Je croyais que ça te faisais plaisir de payer mes études". Oui, bien sûr, j'ai un orgasme à chaque fois que je fais les chèques à l'université. Je lui ai dit que bien sûr, ça me faisait "plaisir" de la financer, mais que ça restait un sacrifice financier quand même. Une certaine forme d'investissement, quoi. Cela n'a pas eu l'heur de lui plaire (du tout). Je lui ai dit que je n'étais pas de son époque, et que je ne voulais pas faire de ressentiment, que je voulais comprendre comment elle voyait cela, elle, et m'intégrer, quelque part, dans sa vision des choses. Elle a commencé à porter des coups en bas de la ceinture, pour se protéger de mon intrusion matinale en me disant: "Tu vas voir, je vais partir, tu vas avoir la paix, de toute façon tu ne t'intéresses pas à mes choses, tu es toujours dans ta chambre à t'enfermer, etc." Je lui ai répondu que ce n'était peut-être pas le bon moment pour parler, mais que j'aimerais cela ne pas rester sur cette espèce de lourdeur à l'estomac face à ce que je considère comme un espèce de cynisme pratiquement immoral. Oui, les enfants étirent la corde au maximum, je le comprends très bien. Mais je veux du respect, et là, je trouve ça inconvenant que dans une même famille, l'enfant a un mode de vie hyper glamour alors que la mère se bat avec sa sobriété, ses humeurs dépressives, son travail exigeant, ses heures supplémentaires afin d'arrondir les fins de mois, et j'en passe. Il me semble qu'il y a une injustice là-dedans. Ai-je tort? Suis-je jalouse? Est-ce que je veux ramener ma fille au plus bas dénominateur commun? Est-ce que je veux qu'elle fasse des sacrifices et qu'elle souffre autant que j'ai souffert? J'ai de la difficulté à faire la part des choses. Il faut que j'en parle autour de moi. Son père gagne deux à trois fois mon salaire, si ce n'est plus. Nous finançons ensemble les études de la petite. Mais je l'ai 100% du temps. C'est moi qui remplis le fridge, qui torche et qui assume les tâches quotidiennes. Bref, je ne me plains pas, mais je trouve qu'il y a une forme d'injustice là-dedans. Le père n'est pas d'accord. Il me dit que la petite est sérieuse, qu'elle fait ce qu'elle a à faire et que tout est ok. Mais c'est moi qui me la tape tous les jours, et voir cette petite femme (qui est encore une enfant) me parler comme elle l'a fait ce matin, c'est rough. Et bien sûr, je me sens coupable de ne pas être plus généreuse envers l'enfant.
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