colocation avec ma fille
Samedi matin, 11h30. Je viens de déjeuner, oranges et toasts au beurre de peanut, lu une partie de la Presse (version papier), et me voilà, seule dans l'appartement (ma fille est à un championnat d'athlétisme où elle coache), avec mon café et mes deux vapoteuses à portée de main. Il fait froid, genre -10 degrés celcius, mais ça ne m'empêchera pas de sortir tantôt, non pas pour des sports d'hiver (non!!!!), mais pour quelques courses (j'adore aller à la pharmacie), et peut-être la bibliothèque. Rien de prévu pour la fin de semaine, aucune obligation. Un désert, comme j'aime. Je peux n'en faire qu'à ma tête, tout est possible. C'est le genre de fin de semaine que j'aime, que je privilégie, et que j'apprécie davantage lorsque j'ai bien travaillé au bureau et que je sens que je mérite mes 48 heures de repos. J'ai passé un temps des fêtes assez weird, trop de solitude peut-être, qui m'a montée à la tête et m'ont fait dire des choses à ma fille qui n'étaient pas trop généreuses, qui ont peut-être dépassé ma pensée (ou peut-être que j'ai eu le courage de dire ces choses pas évidentes justement parce que j'étais dans un état d'esprit bizarre). Dans le sens de lui faire comprendre qu'un jour (pas trop loin j'espère) elle devra voler de ses propres ailes (compte tenu qu'elle est autonome et indépendante). Je lui ai proposé que lorsqu'elle serait prête, à la fin de son baccalauréat genre (printemps 2018), elle garde l'appartement que nous occupons présentement et qu'elle l'occupe avec une amie ou son conjoint. Moi, je partirais avec mes cliques et mes claques sous d'autres cieux. Cela lui permettrait de ne pas se sentir dépaysée, et de garder ce magnifique appartement qu'il serait vraiment dommage de quitter pour un autre certainement moins beau (le nôtre est complètement rénové à neuf) et moins bien situé (le nôtre est à 5 minutes à pied du métro et près de tout, dans un très joli quartier tranquille). Non, ce n'est pas très généreux de ma part, mais j'aime quand les choses sont claires, et je ne tiens pas tellement à ce que ma fille colle à mes baskets jusqu'à ce que je sois à la retraite, j'ai donné. Vivre avec son enfant c'est ok. Vivre avec une jeune adulte en colocation, c'est autre chose. Négocier des arrangements afin que cela ne soit pas seulement une personne qui se tape la bouffe, le ménage, les poubelles, etc., et constater que l'enfant devenu adulte s'en tape comme sa première couche-culotte, c'est autre chose. Je ne sers à rien, sauf à remplir le frigo, torcher et l'admonester pour la millième fois pour les maudites poubelles et le bac de récupération qu'elle ne voit jamais déborder et que je dois sortir avec ma côte cassée et ma tendinite à l'épaule qui me fait un mal de chien et qui ne guérit pas. C'est le sentiment de n'être rien, qu'une coloc agaçante (moi) qui ne ferme pas sa trappe qui m'agace royalement. Tannée d'être le chien de garde. Je déteste ce rôle. Je suis une maman, et je ne peux plus être juste une maman. Qui prend soin, materne, console, nourrit, berce, etc., une enfant qui en a besoin. Elle a presque 21 ans. Elle va à l'université. Elle a un boulot à mi-temps. Elle est coach d'une équipe d'athlétisme. Elle a un conjoint depuis 6 mois, qui est à l'université aussi. Maintenant, ma job c'est de lui recommander de ne pas laisser les lumières allumées toute la journée lorsqu'elle n'est pas là, de baisser le chauffage lorsqu'elle part pour la journée et qu'elle sait que je suis au travail (ça fait 20 ans que je fais du 9 à 5), de rincer son bain lorsqu'elle l'utilise (cheveux, particules et mousse: beurk), de laver sa petite vaisselle, de ne pas laisser des plats et marmites vides dans le frigo, de torcher sa chambre de temps en temps pour la vermine (elle ne veut plus que j'y entre, elle tient à son intimité et je l'accepte), de ne pas laisser ses affaires traîner partout, et de descendre les poubelles éventuellement afin d'épargner mon épaule blessée et mes côtes. Ce n'est que de la colocation. Et cela m'emmerde. Je ne vivrai pas comme cela 5 ans encore. Ça non.
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