ma fille veut s'en aller

Hier ma fille m'a dit qu'elle avait probablement l'occasion de s'en aller, de quitter la maison. Une copine d'un copain à elle cherche un (une) colocataire pour partager un appartement, celui (ou celle) avait qui elle restait est parti. Il semble que nous soyons rendues là. Je n'ai pas dormi de la nuit. Tout simplement dans l'incapacité complète de m'endormir; ni mon corps ni mon esprit ne se sont relâchés dans un bienheureux sommeil récupérateur. C'est quelque chose de gros pour moi ce qui est en train de se passer. Je refuse (j'essaie) de penser que cela est un échec en tant que mère. C'est tellement autre chose être la mère d'une jeune adulte. Cela ne ressemble en rien aux défis et engagement que l'on a envers un jeune enfant, un jeune adolescent. Est-ce qu'il y a des choses que je n'ai pas comprises? Aujourd'hui, j'aimerais pouvoir être sereine (en plus j'aurai une journée de fou au bureau). Ne pas m'inquiéter pour tout ce qui pour l'instant n'est pas d'actualité, être terrorisée pour toutes les choses qui pourraient survenir et pour lesquelles je n'ai aucun contrôle en ce moment. Je devrai cheminer là-dedans, du mieux que je peux, faire partie de la solution plutôt que du problème et faire preuve de souplesse, sans m'oublier, sans me désintéresser de moi, sans m'en vouloir et me taper sur la tête jusqu'à ce que je sois une loque. Sans l'obsession de mes failles, de mes manquements, de la culpabilité liée à l'idée de n'être pas allée jusqu'au bout dans ce que je pense qui aurait été idéal avec et pour ma fille. Je ne suis pas parfaite mais je ne suis pas un monstre (...). Il se peut que ma fille m'en veuille longtemps, etc., pour toutes sortes de raisons qui lui appartiennent. Je ne supporte qu'à peine l'idée qu'elle souffre à cause de moi, à cause de ce qu'ai je fait, de ce que je n'ai pas fait, de mon égoïsme, ma froideur, ma sauvagerie, mes habitudes,  mon perfectionnisme et j'en passe (facile de se proclamer juge et partie lorsqu'on se sent coupable). Il se peut qu'elle ait voulue être aimée inconditionnellement, comme une petite princesse, comme une enfant de 10 ans, avec une servante à la maison et ne rien à faire, ne rien à donner, ne rien investir d'elle-même (c'est le rêve de beaucoup d'enfants et c'est ce qu'on donne en général à nos enfants dans notre société, pour le meilleur et pour le pire). Je crois que les enfants, par nature, siphonnent, jugent, prennent tout et ne donnent rien à leurs parents (dans notre société?). Je me trompe probablement dans l'interprétation de ce qui s'est passé avec ma fille, de ce qui se passe en ce moment, je ne le sais pas et pourrai ne jamais le savoir; parfois les personnes de notre famille se révèlent être, au bout du compte, pour toutes sortes de raisons, de parfait inconnus, des adversaires même (?). Cela va me faire beaucoup réfléchir, je le sens, dans les temps qui vont venir, à ma propre façon d'envisager ce que je crois avoir vécu chez mes parents, à toute la haine que j'ai eu pour eux, et tout le ressentiment, etc., que j'ai eu à leur égard, sans vraiment m'être identifiée comme partie prenante là-dedans, avec ma responsabilité d'engagée d'une façon ou d'une autre. Ce qui se passe (et se passera) dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, avec ma fille, doivent être l'occasion d'apprendre, de comprendre, et de grandir peut-être. En autant que je ne vois pas cela comme (exclusivement) l'échec de ma vie en tant que mère, que je ne me tape pas sur la tête comme mon instinct pourrait me pousser à le faire. J'ai un programme spirituel qui est à ma portée: l'utiliser, en abuser, et ne rien laisser traîner dans le processus. M'engager complètement, sans haine de moi-même et des autres, dans ce qui pourrait être quelque chose de déterminant dans ma vie, de façon positive ou moins positive. J'ai vraiment le sentiment qu'il m'appartient de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein dans ce qui se passe; il n'y a pas et il n'y aura pas de ligne tracée à l'avance et de vérité toute crue, facile à envisager. C'est une expérience à vivre, et à assumer, à moi de rester engagée là-dedans de la façon la plus lucide possible, avec l'aide de Dieu. Il va falloir que je prenne ce qui m'appartient, faire des choix et assumer complètement, à chaque étape, à chaque décision, la part de ce qui me revient, sans fuir et sans rien refouler.

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