visite chez les parents
Tellement de mauvaise humeur hier. Un ensemble impressionniste de douleurs physiques, de médicaments anti-douleurs, de fatigue, et menstruée 100%. La cerise sur le gâteau, c'est la visite chez mes parents demain, à Québec. Aller-retour Montréal-Québec dans la même journée, et ça fait une éternité que je n'y suis pas allée. Ça me tente cent fois moins que d'aller me faire arracher une dent de sagesse (et même plusieurs). À 47 ans, je n'envisage toujours pas avec sérénité de voir mes parents, le téléphone me semble suffire amplement, et j'appelle du bureau, c'est rassurant, entre deux dossiers et deux urgences. J'ai lu un bouquin sur le pardon dernièrement. En le lisant, ce qui était écrit m'apparaissait plein de bon sens, magiquement créateur de nouvelles possibilités pour moi et mes ressentiments. Mais, paradoxalement, dans les semaines qui ont suivi, après avoir envisagé un changement possible en moi, une ouverture disons, vers la voie du pardon, donc de la liberté, un mur s'est installé en moi, un mur de Berlin infranchissable. Il semble que le chemin du pardon n'est pas pareil pour tout le monde, que c'est quelque chose d'unique et de personnel, et que pour certaines personnes comme moi, le chemin est parsemé d'embûches. Je suis encore au stade d'être révoltée et affligée d'avoir eu une enfance pourrie qui m'a fait prendre un chemin pourri, à l'adolescence et plus tard, jeune adulte, et c'est cette voie de souffrance et de douleur que j'ai endurée, longtemps, parce que mes géniteurs n'ont fait que me nuire, ne m'ont donné que des possibilités de souffrance, de gâchis. Cela aurait pu être différent, avec la même éducation, peut-être. Mais la réalité c'est que moi, avec cette éducation, je me suis traînée en victime une bonne partie de ma vie, et que longtemps, j'ai porté en moi de terrifiantes idées d'autodestruction et de mort, sans avoir aucun repère. Je me suis construite moi-même, tout croche, dans la révolte, contre eux, contre tout. Et l'alcool et les drogues, et toutes les autres dépendances....et les mauvais choix...et l'estime personnelle à zéro.....et l'envie de mourir, chronique....et le sentiment d'être perdue en ce monde, sans repère...etc. Je crois que je suis au stade de faire le deuil d'une enfance désirée que j'aurais tellement voulu avoir, qui m'aurait tant aidée dans la vie, et qui n'existe pas. Lorsque je vais visiter mes parents, aussi peu souvent que possible, mon corps tout entier entre en agonie. Je suis tout entière submergée d'émotions désagréables, tenaces. Je suis confrontée à la nuit de mes rêves détruits, et mon âme saigne. J'aimerais qu'ils meurent, sans souffrance, parce que je ne suis pas une bête, mais rapidement, afin que je puisse tranquillement panser mes plaies sans aucune interaction avec mes géniteurs, afin qu'enfin je puisse me réconcilier avec l'idée que bien sûr, ce n'étaient que des personnes qui n'ont fait que leur possible, ils ne pouvaient donner ce qu'ils n'avaient pas.
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