il est temps que les vacances arrivent
Hier j'ai atteint une forme d'écoeurantite aiguë au bureau, et lorsque cela survient, mon corps, mon esprit, mon âme sont dans l'incapacité de vouloir continuer à faire ce à quoi ils sont destinés: favoriser la vie. Un espèce de désespoir ténu mais réel s'est fait sentir. Cela m'arrive rarement, mais lorsque c'est là il faut que je change le rythme de ma vie d'une façon ou d'une autre sinon j'arrête de fonctionner, tout simplement. Il n'est pas dit que j'arrêterais réellement de fonctionner, mais c'est le sentiment que j'ai lorsque cela arrive, lorsque tout ce que je veux c'est que cela passe, ou que cela arrête, mais sans savoir réellement ce qui doit arrêter, ou passer. Lorsque je suis sortie enfin du bureau vers 17h20, je me suis traînée misérablement jusqu'au métro, avec une envie de pleurer, que sais-je, et de m'apitoyer sur mon sort, et le sort a fait que j'ai rencontré, comme cela arrive tout le temps dans les grandes villes, des gens salement amochés, tellement plus que moi. Un aveugle avec sa canne blanche qui marchait, têtu, déterminé, vers sa destination. Une dame et son triporteur, avançant péniblement sur les trottoirs de neige sale mouillée. Une dame avec son bébé accroché à son dos à qui personne n'a donné sa place dans le métro. Un clochard (toujours le même beau temps mauvais temps) installé sur trottoir, disant bonjour à tout le monde, dans sa couverte sale. Des gens soucieux. Des gens pressés. Des beaux (rares). Des moches et des très moches (moins rare). Je me suis imprégnée, sans le vouloir, de l'odeur et de la couleur de cette faune de gens dans leur détresse et leur lumière et leur vacuité et leur courage, et cela m'a sauvée. Je suis redevenue un humain parmi tant d'autres, j'ai senti que je faisais partie d'une chaîne et que vivre, c'est aussi être vulnérable et avoir envie de pleurer, et être à bout, et ne pas savoir ce qui nous arrive, et à ce moment-là c'était correct. Je me suis abandonnée.
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