ivresse mentale
Je vais faire un meeting demain soir (Narcotiques Anonymes) dans un quartier pauvre de la ville. Il y aura un petit buffet (nous mangerons (sauf moi) ce que nous apporterons). J'ai donné ma parole, donc ne pourrai pas faire autrement. Paradoxalement, je sens que cela me met en train (c'est ce que je sens, pour l'instant), de me sentir engagée dans un "projet". Même si c'est s'habiller, se maquiller, sortir, etc., et le doute toujours: "À quoi ça sert, tout ça". Ces rituels de rencontre qui sont plus importants que les mots dits ou non dits, que les banalités échangées ou pas, que la bouffe présente ou pas, qui sont de l'ordre du lien, de l'appartenance à quelque chose de plus que sa propre petite personne. Être là, avec les autres. Et puis c'est tout, et puis c'est tout cela. J'ai demandé à la petite d'aller faire le marché, avec la petite liste concoctée par mes soins, et ma carte de débit. Il m'a semblé que cela était un peu tabou, de lui laisser faire les courses, genre, ce n'est pas à elle de faire ça, mais ensuite j'ai pensé qu'il fallait que les choses changent, pour donner des résultats différents.... Même si c'est ma fille, elle est une adulte maintenant, elle peut aider aux choses de la maison. C'est correct... (même si je sens qu'elle prend cela comme une forme de punition). Nous allons préparer un petit souper de la veille du jour de l'An, et refuser d'aller faire les courses aurait sonné le glas à notre petit souper, c'est donc sans trop de grincements de dents qu'elle devrait y aller tantôt (si elle veut son souper du merveilleux Temps des Fêtes). Ne suis-je pas démoniaque? Moi, personnellement, je m'en fous trop du petit souper du temps des fêtes. Une pomme, un morceau de fromage, du pain, quelques noix font mon bonheur. Je ne suis pas gourmande, et plus je vieillis, moins je prends de plaisir à manger. La seule chose qui me rende vraiment heureuse, c'est le café, et je me retiens à deux mains de ne pas en boire davantage. Anyway mes intestins me dictent ma conduite concernant cela, et c'est peu de le dire. Je ne fais plus d'abus dans rien, et, comme Tolstoï, ait été déchirée toute ma vie entre l'avidité de mes sens et mon besoin de m'élever spirituellement. Un total antagonisme que je règle maintenant de la façon suivante: j'essaie le plus sincèrement possible de m'inspirer de ce que je crois que Dieu voudrait que je fasse, que je pense, que je dise. Ça m'enligne, me donne une direction. Ça permet d'éviter les extrêmes délétères. Je me sens néanmoins souvent indigne et inefficace dans la gestion de ma conduite, mais j'essaie de garder le cap sur des objectifs sains, et de rester dans l'humilité et dans la gratitude. L'important, me concernant, c'est de ne pas sombrer dans les extrêmes, genre, être persuadée d'être en-dessous de tout et de tous, et que je vais être punie certainement d'une façon ou d'une autre pour ma mauvaise attitude, mon manque d'amour et de disponibilité aux autres. Je dois me garder absolument de l'apitoiement et de la victimisation et de la peur. Et du ressentiment, le pire sentiment pour une alcoolique-toxicomane, même sobre. Dans AA et NA, on appelle ça l'Ivresse mentale. Ha! La fameuse et redoutable ivresse mentale! Celle qui peut conduire à la rechute, dans toute son horreur la plus banale. Le chemin que j'emprunte tous les jours et toutes les nuits (émotionnellement et spirituellement) doit en être un qui m'éloigne non pas de la tentation de la drogue ou de l'alcool, ces faux amis, mais au chemin qui pourrait y mèner, i.e. la solitude extrême, la tentation d'être seule sur mon île (oh! charmants oasis de beauté et ses pernicieuses fantasmagories!), le manque de discipline spirituelle, l'amertume, la tentation de chercher des réponses toutes faites à des problèmes qui n'en sont pas, mon entêtement et mes frustrations égocentriques que je ne dois pas nourrir. 2016 est presque terminé. Je suis encore en vie. Hourra!
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