en route pour Québec
Dimanche matin, 7 heures. Le cadran a sonné deux fois, je ne l'ai entendu que la deuxième fois. Un ami vient me chercher. Il va me faire un lift jusqu'à Québec. Je serai chez mes parents vers 11 heures. J'ai préparé une salade, dans la révolte. Mes parents ne font pas de bouffe ni pour ma soeur et ses enfants, ni pour moi. Ça doit faire deux ans que je ne les ai pas vus. Je ne me rappelle pas exactement dans quelles circonstances, ni ce que nous avons fait, dit. C'est loin. La seule chose de bien dans tout ça, c'est que je vais faire de la route, et j'aime bien ça. Je n'ai pas de voiture et déteste conduire. Là, je serai au chaud, en sécurité, avec un membre des AA à mes côtés qui me connaît bien (ou plutôt qui connait bien son programme des 12 Étapes). C'est un ancien amoureux transi que je ne désire pas, que je ne veux pas comme conjoint et qui le sait. Néanmoins, il est toujours dans le coin, à guetter le moment où il pourrait me rendre service, me faire plaisir. Ma soeur, son conjoint et leurs deux enfants sont à Québec depuis hier. Ils ont loué une chambre d'hôtel sur la Grande-Allée. Il n'y a pas assez de place chez mes parents, et même s'il y en avait, cela n'aurait pas fait partie de leurs plans (ni de ceux de mes parents) de dormir là. Mes parents ne sont pas des êtres accueillants. C'est ainsi qu'ils sont faits. Mon problème, c'est que je ne suis pas capable de les accepter comme ils sont. Ils sont toujours au-dessous du minimum de mes attentes, même si celles-ci sont minimales. Je crois que la générosité, l'ouverture d'esprit, l'amour même, sont des choses qui se transmettent, qui s'apprennent même. Dans mon cas, toutes ces choses ont été apprises, intégrées très graduellement, à l'âge adulte, lorsque je suis sortie de mes souffrances égocentriques. Rien n'est venu naturellement, et rien n'est acquis. Je dois me discipliner à la gratitude, l'humilité, l'accueil et l'ouverture d'esprit. Sinon, je reste dans ma coquille, irrésistiblement enfermée en moi-même, incapable d'avoir de l'élan pour personne. Mes parents ont été élevés comme ça aussi. Dans les années cinquante au Québec, la liberté de penser et d'agir n'était pas d'actualité. Ils ont vécu comme ils pensaient devoir vivre. Anyway, suis tannée de penser à cela, je dois me préparer, jeans, t-shirt, baskets. Tout pour épater la galerie. Et ma fameuse salade, bien sûr.
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