travail entre collègues
Ma collègue de travail et moi partageons le même bureau. C'est avec elle que je passe le plus de temps dans ma vie, minimum 40 heures par semaine, depuis maintenant 7 ans. Parfois, nous sommes comme un vieux couple j'imagine, avec des vieilles habitudes et des nouvelles qui peuvent s'installer et qui sont contre-productives à mon avis. Nous avons beaucoup de travail, particulièrement ce printemps, ça n'arrête pas (mais nous avons eu d'autres périodes d'intensité élevée ce n'est pas nouveau). Pour nous défouler, un grain de folie est toujours le bienvenu et ma collègue a le genre d'humour pissant qui est extrêmement contagieux, elle est très douée dans l'art de me faire rire instantanément; ses farces plates et autres imitations et simagrées et fausses crises de nerfs nous font sombrer dans une folie collective qui, à mon avis, est une forme de défouloir, une soupape de sécurité essentielle pour faire sortir la vapeur. Ça, c'est correct. Malheureusement, ça vient aussi avec la façon dont ma collègue, que j'appellerai M., exprime ses frustrations personnelles de façon visible (brassage de feuilles, soupirs d'agonie, explosions de colère avec force blasphèmes et autres insultes à des ennemis réels ou imaginaires, etc.). Cela créé une atmosphère super négative quand ça dure des heures et des jours. M. est une personne qui ne connait pas les agendas et qui a de la difficulté à gérer son temps et les urgences; pour elle, tout est urgent, tout doit être fait rapidement, pour se débarrasser, pour enfin trouver un moment où son bureau sera propre, dégagé de tous dossiers et autres paperasses. C'est cette pression folle qu'elle se met elle-même sur les épaules qui la pousse à vouloir tout faire trop vite et concevoir tout ce qui peut l'empêcher d'atteindre son but rêvé comme un obstacle à sa course, un empêchement de tourner en rond, un emmerdement insupportable. Elle devient acariâtre, enragée, négative; c'est ok, ça m'arrive aussi, notre travail est vraiment considérable, les délais courts, les enjeux élevés, etc., mais à force de dégager une énergie négative ça me déprime, ça m'affecte, c'est un peu comme si notre travail était un cauchemar, ce qui n'est pas le cas. Hier je lui ai parlé de ça, j'ai probablement été maladroite, c'est un peu délicat ces trucs-là, bref, elle a pleuré (la défense passive-agressive préférée des femmes, tellement frustrante pour l'interlocuteur), a utilisé pratiquement une boîte de kleenex complète pour sécher ses pauvres larmes et son pauvre nez alors que j'essayais de lui expliquer que je ne lui fais pas la morale ni de reproches, je ne remets pas en cause ses capacités, il n'y a pas de hiérarchie, de personne meilleure que l'autre, s'il y a des choses chez moi qui la dérangent, elle doit m'en parler, etc. Sauf que je lui ai dit que compte tenu qu'elle semblait trouver son travail trop élevé, trop stressant, j'en prendrais une partie sans problème, et que si de mon côté cela excédait ma capacité, je lui refilerais, mais qu'à partir de maintenant je le ferais (et que cela n'était pas négociable....oups!). Cela n'a pas eu l'heur de lui plaire....et le mot est faible. Je me suis dit qu'étant incapable de hiérarchiser son travail, de l'organiser adéquatement, je n'avais pas le choix de le faire pour elle. Ce n'est peut-être pas le meilleur "move", mais je préfère cent fois plus augmenter ma charge de travail qu'endurer sa mauvaise humeur corrosive.
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