le nécessaire et le superflu
Journée douce et tranquille hier. Je ne sais donc pas pourquoi j'ai souffert d'insomnie la nuit dernière. Impossible de sombrer complètement dans le sommeil, trop de couvertes, pas assez de couvertes, couvertes trop lourdes, trop légères, trop chaud, trop froid, trop de luminosité, positions inconfortables, etc. Peut-être le gruau de 22 heures. Peut-être les 2 cafés corsés de la journée. Peut-être la peur absurde de rater mon rendez-vous chez la coiffeuse à 9h30 ce matin. Peut-être la pré-ménopause avec ses symptômes absurdement désolants. J'ai encore 3 journées de congé, donc ce n'est pas vraiment grave. Je pourrai faire une sieste en pm, ce qui ne manquera pas d'arriver, malheureusement, car je déteste avoir le sentiment de perdre mon temps. Même si je n'ai pas de grands projets sur la table, loin de là. 2 Patrick Modiano. Des Simenon. J'ai commencé "American Psycho" mais ai détesté ça totalement et complètement. Je déteste les lectures provocantes et sadiques, sans probité. J'aime qu'il y ait un minimum de moralité dans ce que je lis, sinon j'ai l'impression de stagner comme être humain, de perdre mon temps dans le cerveau fou d'un écrivain tordu et masturbatoire. J'ai certes beaucoup de temps, mais je ne veux pas le perdre en élucubrations vicieuses, misanthropes et troubles qui vont démolir ma paix intérieure. J'aime être dérangée, mais pas dans le vide intersidéral de l'absurdité et la cruauté gratuite. Il faut qu'il y ait de la chair autour de l'os. J'ai une vision utilitariste des choses, des activités, des expériences et de la vie en général. Ce n'est pas très sain, c'est même puéril, ça correspond à mes patterns d'ordonnancement des choses de ma vie: tout bien rangé, rien de trop, rien qui dépasse, rien de futile. J'ai la même vision au niveau des relations humaines, en dehors des liens utiles ou nécessaires, il n'y a rien. Je ne perds jamais mon temps avec quelqu'un pour aucune raison. Je ne téléphone jamais à quelqu'un au motif que je m'ennuie et que je cherche un interlocuteur pour passer le temps. Je ne crois pas aux loisirs. Cela ne correspond pas à ce que je crois et à ce que je veux. Je ne veux pas perdre mon temps à m'amuser ou jaser durant des heures de la pluie ou du beau temps. Je ne cherche pas à m'échapper ou à me divertir. Je n'aime pas les fêtes, les soupers entre amis, les rencontres en général, fortuites ou planifiées. Lorsque j'étais jeune je suis beaucoup sortie dans les bars et autres discothèques aux foules nocturnes, bruyantes, éclatées. Je consommais, il me fallait un public. Boire seule est d'une tristesse infinie (même si c'est ce qui a fini pas arriver plus souvent qu'autrement). Lors de ces soirées, mon être imbibé de substances acceptait les mouvements de foule et l'intimité des corps et les conversations avinées. Cela correspondait à mon besoin de l'autre. Je ne trouvais pas d'autres moyens que les bars pour combler mon envie de sortir de ma solitude, de mon vide et de consumer ma jeunesse. Cela a déjà été merveilleux. Aujourd'hui je suis trop vieille. Je n'oserais plus sortir en public dans des endroits de rencontre. Même les petits cafés de quartier me font un peu peur. Le regard des autres sur soi, qui s'attardent ou se détournent. Être évaluée. Non.
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