dîner avec ma fille

J'ai invité ma fille à dîner lundi de Pâques. Je me suis forcée à faire de la bouffe, de la bouffe pas trop lourde parce qu'elle m'avait dit qu'elle avait mal mangé ces derniers temps. J'ai fait une salade verte, des crevettes grillées, des pommes de terre maison frites au four, des oeufs farcis au thon à l'huile, des petits à-côtés style tomates cerises, coeurs de palmier, concombre frais, amandes crues et figues séchées. Pour le dessert, des petits gâteaux au chocolat sans gluten avec glaçage au chocolat parce que Pâques c'est la fête du chocolat après tout. 

Elle s'est laissé embrasser à l'arrivée et au départ. Nous avons parlé de ses études, de son travail au petit café du centre sportif, de son autre travail d'été celui-là renouvelé chaque année depuis 4 ans et qui va débuter en juin, de son copain, de l'aménagement de son studio et autres petits sujets sur sa vie en général. De sa part, aucune question sur la mienne, rien de changé donc. Elle ne sourit pas beaucoup, et ne songe pas à être gentille. Ne va pas plus loin que ce que la politesse exige. Je ne suis pas certaine qu'elle ne s'est pas sentie obligée d'accepter mon invitation. Je crois qu'elle a mal pris le fait que je lui ai demandé de rapporter chez elle à un moment donné les deux grosses boîtes d'effets divers lui appartenant et qui obstruent un garde-robe que je ne peux pas utiliser à cause de ses choses. Je ne le saurai pas parce qu'elle ne parle pas de ses besoins véritables, pas avec moi. Elle préfère la paix, la fausse paix que l'orgueil tout-puissant commande plutôt que l'échange sincère jugé dangereux peut-être. Elle n'aime pas les antagonismes et je peux comprendre, je suis comme ça aussi. Ce qui me dérange, c'est que je ne connais pas son état d'esprit véritable. Peut-être vaut-il mieux que je ne connaisse pas son état d'esprit actuel me concernant? 

C'est fou comme les choses sont amères avec ma fille. C'est terriblement désolant. Jamais je n'aurais pensé que cela puisse se passer comme ça. Moi qui avais le sentiment que concernant mon rôle de mère je n'aurais rien changé, que j'avais fait réellement ce que je pensais être absolument juste et approprié, et que je l'avais l'affaire. Rien n'est moins sûr maintenant. Je ne suis plus certaine d'avoir été une bonne mère. Il me semble qu'il y a un tas de choses manquées ou mal comprises dans l'affaire, mal reçues. Et maintenant, c'est le désert. Cette enfant est sur son île, et je n'y suis pas le bienvenu.

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