la famille, c'est poche

Hier c'était la fête de ma soeur (51 ans). Ces jours-ci, tout baigne, nous réussissons à nous parler sans nous crêper le chignon. C'est une bonne chose, mais ça ne durera pas. Il surviendra certainement un événement, quel qu'il soit, dont je n'ai aucune idée de la nature ni du moment de son surgissement, qui viendra percuter notre bonne entente. C'est toujours comme ça depuis des années. J'ai abandonné l'idée d'une relation suivie et stable avec elle avec activités et autres engagements parce que dans le fond, la réussite de la paix entre nous réside probablement à nos très peu nombreuses conversations, faites entre deux dossiers, à nos bureaux respectifs, où subitement l'une ou l'autre peut avoir une urgence dans le cas où la conversation s'envenimerait. Nos interactions téléphonique réduites à leur plus stricte expression diminuent considérablement le danger d'une crise familiale inopinée. L'ennui avec ma soeur, nonobstant les éventuelles querelles qui viennent fatalement gâcher l'harmonie si fragile entre nous, c'est que nous nous entretenons irrésistiblement de nos états d'âme et de nos parents. Toutes les blessures et autres traumatismes qu'ils nous auraient infligés, la difficulté de vivre avec, la litanie des histoires qu'on se raconte sur notre vie et les milliers d'interprétation qui peuvent en être faites sont inlassablement ressassées depuis des années. On s'enroule autour de ça continûment, c'est pratiquement devenu un rituel, ça ne change pas et il semble que c'est programmé pour durer. Je trouve ça vain, d'une certaine façon. À quoi ça sert, finalement, de brasser les mêmes histoires déprimantes qui ne changeront pas et les mécanismes de survie que nous avons mis en place et qui sont étonnamment constamment renouvelés; peut-être cependant cela a son utilité dans ses effets purgatoires et que nous avons un besoin irrésistible de nous y soumettre, comme une thérapie familiale ou un lavement. La famille, c'est infantilisant. 

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