altérité

Je ne sais pas si c'est la périménopause ou quoi qui me fait agir comme j'agis ou qui me fait sentir les choses comme je les sens. J'essaie de comprendre objectivement ce qui se passe avec ma collègue de bureau: ça va de mal en pis, c'est comme s'il y avait une forme d'hostilité latente qui n'attend qu'à exploser un de ces jours et qui pourrait finir dans un bain de sang, qui sait. 2 fonctionnaires qui se battent et se crêpent le chignon, c'est du joli, c'est mature. J'ai pourtant énormément de difficulté à l'endurer, sa seule présence me met de mauvaise humeur et me crispe. On dirait que toutes ses habitudes, ses façons de faire me rendent complètement dingue. J'ai juste le goût de l'envoyer chier une bonne fois pour toutes et qu'elle ne revienne au bureau que dans une couple de semaines (mois, années), rafraîchie, renouvelée et motivée à... non, je me trompe du tout au tout. Elle n'a pas changé. C'est moi qui ai changé. Parce que dans le fond, très honnêtement, elle est la même personne que toujours, elle est le petit bourreau de travail, le petit robot qui ne réfléchit pas, qui n'est pas curieux, qui se débarrasse des choses, qui n'a pas lu de livres depuis 1756, qui n'est pas une intellectuelle, une cérébrale, qui ne veut pas apprendre, s'améliorer, évoluer, qui pense les choses et vit les choses exactement de la même façon que toujours, et qui ne changera jamais. Cela me rend dingue cette espèce de ténacité dans la médiocrité, cet espèce de bougonnement continu, ses plaintes continuelles qui ne sont qu'une forme de respiration, ha! et puis je ne sais plus. (MAIS je considère ma collègue comme étant plus courageuse que moi et avec une estime personnelle beaucoup plus élevée que la mienne, et une résilience formidable, comme quoi...je ne suis pas complètement dans le négatif).

Et puis cette hostilité c'est comme si quelque part ça démontrait la vraie nature des relations humaines, elles ont un début, et elles ont une fin. Je crois que toutes les choses vivantes, relations humaines comprises, ont une date d'expiration. En amitié et en amour, on aime la personne non pas malgré ses caractéristiques, mais pour ses caractéristiques, bonnes et moins bonnes. On aime la personne dans son entièreté. Les bouts moches, les bouts pas bons, les faiblesses, misères, défauts de caractère, manque de courage, contradictions, petites et grandes lâchetés, caractère pourri, sautes d'humeurs, manque de curiosité, paresse, manque de volonté, passivité, toutes ces choses qu'on accepte parce qu'on est toutes et tous imparfaits, et que les gens nous aiment aussi pour ce qu'on est et ce qu'on n'est pas, avec nos qualités et nos défauts, et que c'est comme ça. On dirait que pour moi c'est impossible à un moment donné d'accepter que la personne en face de moi ne changera jamais et que la relation qui nous unit sera toujours de la même nature, et qu'elle portera toujours les mêmes foutus fruits. Des fois on est tannée de manger des pommes, on veut manger des bananes ou des mangues. Je crois que c'est une forme de lassitude, comme on est fatigué parfois de soi-même, et qu'on voudrait changer sa face ou son destin. Au moins là on a du pouvoir. Mais changer les autres c'est de la bouillie pour les chats. C'est mission impossible. "Accepter les autres comme ils sont". "Vivre et laisser vivre". "Se changer soi-même plutôt que les autres". C'est sur ça que je dois focaliser. Alors, qu'est-ce qui a changé en moi qui fait que je ne suis plus capable d'endurer ma collègue de travail?

Question: peut-on aimer quelqu'un qui ne change jamais, ni d'attitude, ni de comportement, ni de valeurs, ni de points de vue, ni de destinée, ni de caractère, ni de rien, sans virer fou, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Et les autres peuvent-ils faire de même avec nous? Est-ce sain? Est-ce viable? Et si non, est-ce que la date d'expiration de ma relation avec ma collègue de travail a atteint sa limite? Est-ce que, comme la périménopause avec la fin de la fertilité s'accompagne de symptômes plus ou moins désagréables, l'amitié peut se terminer aussi de façon cahotique, dans l'étiolement graduel et pénible du regard empathique sur l'autre?

Et si c'est sain, si c'est viable de garder une relation vivante malgré tous les malgré, comment puis-je faire pour améliorer mon caractère, baisser mes exigences, retrouver un équilibre, peut-être.

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