l'angoisse du vide avant le vide final
Il me semble que toute la fin de semaine j'ai
été la proie de sournoises angoisses qui ont percé mon coeur à petites doses
malsaines. Peut-être que je peux ou que je dois voir cela comme un signe que
des choses doivent être réévaluées, ou changées, ou juste rien du tout,
endurer, et faire ce que j'ai à faire sans ruminer, sans m'attarder, même si
c'est inconfortable, et attendre que ça passe. Entre le contentement béas de
soi et de sa vie et de ses réalisations ou de rien du tout et les angoisses du
vide, du rien, du silence et de la nuit, qu'est-ce qui s'est passé. Ma fille
est partie. Je me retrouve seule entre moi et moi et les murs et les planchers
immaculés de mon appartement trop grand pour moi. C'est peut-être normal
l'inconfort, l'ajustement, ou le non-ajustement. C'est le sentiment de perte de
sens qui est davantage épeurant. C'est le sentiment du "à quoi bon".
À quoi bon faire le ménage pour obtenir davantage de vide autour de moi. À quoi
bon faire de mon mieux. À quoi bon le silence, la paix, l'harmonie, dans mon
petit chez-moi nickel chrome, alors
que dehors c'est le chaos, alors que dehors c'est la vitesse, le bruit, les
mots, le bruissement de millions de vies qui s'activent ou qui dorment ou qui
s'écrasent et s'éteignent, alors qu'à la fin c'est le silence de la nuit
totale. Ma propre nuit totale avec rien avant me fait freaker. Lorsque je
suis au travail, dans le trafic, dans le jus, lorsque je marche, et que je
rencontre des gens, des collègues, et que je leur parle, lorsque je suis dans l’ascenseur,
du courrier plein les bras, lorsque je suis en appel-conférence pour un dossier
difficile, etc., l’angoisse s’évapore. Ou plutôt je ne la ressens pas. Mais
elle est là. Je crois que c’est l’angoisse de mort, de finitude, du « à
quoi bon », qui tend son cou lorsque il n’y a plus que soi avec soi, entre
les murs et les planchers immaculés de son logis trop vide d’avoir laissé s’échapper
sa fille jeune adulte.
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