le luxe de souffrir

Me suis réveillée ce matin avec en moi des bribes de rêves sous forme d'images et de sensations émanant de souvenirs de lectures concernant les Koulaks affamés par les communistes sous Staline et autres Russes pris dans l'engrenage de l'histoire de leur pays. Les récits d'horreur de ces gens qui ont absolument tout perdu et ont été acculés à la famine et à la mort et ont dû se livrer à des actes de nature barbare dans certains cas, etc., et d'autres Russes encore qui ont vécu des destins durs, impitoyables et dont j'ai pu me faire une idée par les livres (sous forme de témoignages) de Svetlana Alexievitch (prix Nobel de littérature 2015), de Varlam Chalamov, d'Alexandre Soljénitsyne, etc. En mon coeur j'ai senti toute la frivolité de mes détresses douces et tristes de la fin de semaine, alors que je n'ai rien à craindre, qu'il ne me manque rien, que rien ne m'est enlevé, que les gens que j'aime ne souffrent pas dans l'agonie de leur corps et de leur esprit et de leur âme dans des souffrances aigües, et que je n'ai pas à avoir peur. Je ne vis pas sous la Terreur. Nous ne sommes pas en guerre. Personne ne me veut du mal parce que je ne serais pas de la bonne couleur ou de la bonne race ou de la bonne classe sociale. Je suis en sécurité. Ma fille est en sécurité. Elle a tout le loisir de m'en vouloir, d'être fâchée, déçue, etc., parce qu'elle est en sécurité et qu'elle a le loisir de pouvoir le faire. Je vis dans un pays immense, riche, avec la Charte canadienne des droits et libertés enchâssée dans notre Constitution qui nous protège des dérives éventuelles de l'État. Notre Premier Ministre, Justin Trudeau, va rencontrer Donald Trump aujourd'hui. Je sais qu'il va faire le maximum pour protéger les droits et libertés des Canadiens, l'environnement et notre économie, dans la bonne entente. Parce que nous, les Canadiens, sommes un peuple pacifique, démocratique, paisible. Et nous sommes chanceux d'avoir des dirigeants qui travaillent en ce sens. En m'extirpant de mes songes, ce matin, je me suis rendue compte que je n'avais rien à craindre que la crainte elle-même. Ce midi, je vais faire un meeting. Aujourd'hui, je serai reconnaissante, généreuse, active, dans mon travail, dans mes actions, dans mes rapports avec autrui. J'aiderai quelqu'un qui a de la misère. Je serai là pour celle ou celui qui souffre. Je ne penserai pas exagérément à mes problèmes. Je serai dans l'humilité et la gratitude.

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