accepter ce que je ne peux changer
Hier midi j'ai partagé dans un meeting AA à la demande d'un membre. Celui ou celle qui partage a 30 minutes (ça peut aller jusqu'à 45), pour partager son vécu d'alcoolique et son rétablissement. Cela n'a pas bien été. J'étais engoncée dans ma tristesse, et le message a difficilement passé. J'étais émotive (ai versé quelques foutues larmes) et incapable de sublimer ma "souffrance", disons. Je n'ai pas pu exprimer ma gratitude adéquatement parce que ça ne sortait pas. Je me suis rendue compte que je suis complètement enroulée autour de mon ego, et que seul mon petit moi compte. Je ne suis pas capable de prendre du recul. Je ne prends plus mes antidépresseurs et ça parait. Je n'ai pas le goût de recommencer à les prendre au motif que je ne suis pas capable d'éprouver la vie avec sérénité, j'aimerais ça pouvoir le faire sans me couper de la réalité ne serait-ce que minimalement. Me semble que je ne suis pas si démunie que cela. D'autres le font, pourquoi pas moi. Comme tout le monde, je veux être comprise, validée, aimée. J'en ai besoin pour vivre, sinon c'est le désert. Et dans un désert, la soif nous habite. Je ne peux pas me permettre d'avoir soif. Pas après 12.5 ans de sobriété, gagnée un jour à la fois. Je dois réellement faire un effort et augmenter ma dose de meetings AA, mettre toutes mes chances de mon côté dans ces temps difficiles pour moi. Ma petite s'en va dans 4 semaines dans un petit studio qu'elle a loué en ville. Je lui en veux de ne pas avoir voulu ou pu communiquer de façon adéquate avec moi. Je ne sais pas si son animosité à mon égard est dû à des choses que j'aurais dites ou faites (ou non dites ou non faites), et que cela aurait cassé quelque chose en elle. Elle m'en veut, c'est indéniable, mais ce silence....c'est comme une punition. Je ne sais pas si elle est rendue au stade de ne pas se sentir obligée d'aucune manière de communiquer avec moi, et de vouloir couper les ponts par besoin d'autonomie et d'indépendance. Peut-être est-ce normal à son âge. Je m'en veux de ne pas être davantage une mère idéale, celle que tout le monde aimerait avoir. Celle qui accepte tout et qui est dans la générosité. Je ne suis pas généreuse. Je suis sèche comme du bois mort. Le départ de ma fille ouvre un gouffre en moi, celui de la fin d'une époque, d'une époque qui n'existera plus et qui finit en queue de poisson. Je dois accepter cela. Il y a une belle prière dans AA, qu'on dit normalement en début de meeting et que je vais me répéter ad nauseam les prochaines secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois:
Mon Dieu, donnez moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux changer
Le courage de changer les choses que je peux
Et la sagesse d'en faire la différence
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