être parent: l'humilité en action

Tout ce que j'ai toujours envisagé comme étant la vérité sèche et brutale concernant ma relation avec mes parents, particulièrement à la période de mon adolescence, prend un tout autre caractère depuis que moi et la petite sommes à couteaux tirés. Tout est en train de changer. Mes conceptions de la vie, de l'amour, mes préjugés et mes certitudes. Je suis prête à tout reconsidérer si c'est là que se trouve l'exactitude, ou une certaine forme de justesse dans la réalité de ces moments de mon enfance établis comme destructeurs pour mon estime personnelle et précurseurs de mes chutes et de mes comportements ultra-destructeurs envers moi-même. "Mes parents sont coupables, et c'est sans appel" n'est plus d'actualité. Voilà quelque chose que je ne pensais jamais pouvoir penser. Ce chemin du pardon que j'agonise depuis plusieurs années à sentir en moi, voilà que j'en constate la potentialité concrète et agissante. Cela ressemble à un miracle, et c'est par le chemin de croix de ma relation difficile avec ma fille que cela se réalise. Je crois que la vie nous force toujours à évoluer si on est prêt à tirer des leçons de ce qui arrive ou ce qui n'arrive pas. Voilà que la vie m'enseigne que je ne suis pas responsable de ce que mon enfant peut penser en son for intérieur de moi et mes actions et mes gestes et mes silences et mes gaffes et mon amour et mon manque d'amour. Cette enfant qui n'a pas de gratitude à mon égard, qui manque singulièrement d'empathie, de générosité, qui est dans son monde, et dans son monde je suis coupable de beaucoup de choses et ainsi je suis jugée et condamnée sans pouvoir me défendre, et bien je suis dans l'impuissance la plus totale. Je ne peux pas aller dans sa tête la déprogrammer des "erreurs de jugement" qu'elle ressent envers moi et les vexations qu'elle aurait subies. Il semble que cela arrive régulièrement dans les meilleures familles. Je n'ai jamais été silencieuse sur mes manquements et mes difficultés émotionnelles, elle sait que je me bats contre certains démons du passé, que je suis en rétablissement d'alcool et de drogues, que je fais du meeting AA et que je ne suis pas parfaite, loin de là. Mais même si j'ai voulu me protéger contre les souffrances que j'aurais pu lui infliger par mes erreurs et mes incapacités en lui expliquant que je fais de mon mieux et que nous pouvons toujours trouver un terrain d'entente si nous communiquons, je n'ai vraisemblablement pas pu obtenir sa magnanimité pour tous mes manquements passés et à venir, il semble que cela n'ait pas suffi. Elle se sent rejetée. Elle prend ça personnel. Elle ne veux pas discuter. Elle ne veut pas trouver la paix, un terrain d'entente, ne veut pas envisager des moyens de conciliation, d'accommodement. Et moi, je me sens une très mauvaise mère de ne pas pouvoir endurer davantage, donner davantage, m'oublier davantage. Je me sens une mauvaise mère de sentir que j'ai donné mon 100% et que cela n'a servi à rien (l'avenir nous dira ce qui en est réellement). Je suis peinée par son comportement qui se résume en trois choses, à des degrés variables au gré des circonstances: indifférence, mépris et hostilité. Et je suis aussi peinée de sentir que je ne me sens pas la force d'endurer cela encore longtemps. Maintenant je suis davantage capable de comprendre ce que mes parents ont enduré. Voilà que certaines choses se mettent en place. De la façon la plus singulière qui soit.

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