la bonté qui cache une carence
Ai eu une conversation intéressante avec un collègue d'un autre département hier. C'est un gars gentil et amusant qui n'a pas une once de malice. Il doit gérer du personnel sur le terrain et c'est tout un défi pour n'importe qui, donc pour lui nécessairement. Je le vois aller, et je constate que sa méthode est celle de conclure avec ses hommes un espèce de contrat tacite qui a, pour but ultime, celui de redorer son blouson, comme on dit, ou de flatter son ego, ou de nourrir un vide, une dépendance. Il a besoin d'être aimé et cherche activement à ce que cela se fasse par tous les moyens. À mon avis, lorsque la quête d'amour ou de légitimité en tant qu'être humain dépasse le mandat de l'organisation, cela n'a rien à voir avec un travail réalisé de façon professionnelle. Et lorsque le besoin d'être aimé devient le but ultime et non avoué (mais indéniable), ce n'est pas la meilleure façon de l'obtenir. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Il gère humainement et cherche la collaboration et l'unité, l'harmonie. Pour cela, il explique toutes ses décisions à chacun d'entre eux, le pourquoi du comment et, à mon humble avis, il perd du temps et de l'énergie, et cela ne donne pas une impression de leadership fort et éclairé. Ses hommes ont tendance à le flatter dans le sens du poil (afin qu'il se sente respecté et pour obtenir ce qu'ils veulent), et le manipulent à outrance en sachant qu'il va, par tous les moyens, chercher en lui ce qui ne va pas dans sa gestion plutôt que de voir les raisons de la manipulation (des problématiques au niveau l'organisation, par exemple). Peut-être que je me trompe. Peut-être que je suis "vieux jeu" concernant l'autorité. Que j'ai tendance à voir l'autorité comme nécessairement en dehors des liens d'amitié ou de fraternité, pour qu'elle soit légitime. Genre Machiavel. Les choses changent au niveau de la gestion dans les entreprises de nos jours, c'est certain (les "milléniums", etc.). Je suis peut-être dépassée. Mais je vois notre ami qui se débat à longueur de journée et perdre son énergie à gérer des affaires qui ne m'apparaissent d'aucune utilité pour l'organisation, qui ne permettent pas l'utilisation maximale des ressources humaines, et qui sèment la zizanie et les enfantillages. Je sais que c'est un peu con, mais lorsque je vois une très bonne personne en action, je me demande toujours pour quelle (s) raison (s) véritable (s) est-elle devenue cette très bonne personne. Et c'est rarement par vertu véritable, par noblesse de coeur, par moralité, etc. C'est souvent pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'altruisme mais pour compenser un vide, une carence, un manque d'estime, pour régler des choses en soi ou pour toutes ces autres choses de l'ordre de l'incomplétude.
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