blesser ou être blessée, telle est la question
Ça me fait du bien d'écrire sur ce blogue. C'est aidant. Le fait de me discipliner à écrire chaque matin me force à approfondir davantage ce que je vis, et en faisant cela, par l'écriture, il y a quelque chose de plus qui advient et qui ne se manifeste pas nécessairement lorsque je me contente de réfléchir à ce que je vis, comment je vis, et pourquoi je ressens certaines choses de telle manière, etc. Parfois je me rends compte que derrière mes actions et mes pensées, il y a des faits cachés que je constate parce que ce que je vis a passé à travers le mécanisme de l'écriture, un espèce de broyeur qui recrache une certaine vérité. Une forme cachée de réalité apparaît, que seule l'écriture a pu faire surgir, disons. Annie Ernaux ne parle que de cela dans ses livres. Par exemple mon aventure avec mon collègue de travail que j'aurais brusqué lundi. En écrivant sur cela hier, je me suis rendue compte que je n'avais pas de respect pour l'espèce de souffrance que j'aurais pu induire chez cet individu, que sous l'écriture apparaît réellement mon mépris. Et que je prends l'exercice des excuses pour une mascarade sociale, un verni superficiel pour lequel je ne suis pas vraiment sincère. En fait, dans tout le processus des excuses, mon propre ego a été blessé. J'ai découvert que m'excuser pour quelque chose qui m'apparaît anodin, sans gravité aucune, me demandait un effort parce que cela diminue le respect que j'ai pour l'autre personne. Le fait que l'autre personne ait été blessée par ma manière de m'exprimer dans l'urgence d'une situation démontre son manque d'ouverture et de collaboration au travail que nous faisons, et c'est cela, en gros, qui me fait trouver pathétique l'exercice des excuses parce que l'individu a baissé dans mon estime. Se sentir blessé pour un oui ou un nom démontre une faible estime à mon avis. Une incapacité de voir l'ensemble du tableau, et de se sentir visé personnellement alors qu'il n'y a rien de personnel dans l'affaire. Je me trouve poche de ressentir cela, mais c'est ce qui a surgi hier alors que j'essayais de trouver une façon réaliste (scientifique?) de m'excuser et que cela me semblait si compliqué. C'est que je ne suis pas sincère. Je ne ressens pas le besoin de m'excuser. Je trouve pathétique son sentiment d'avoir été blessé. Alors que par ailleurs, depuis des années qu'il me connait (mais ce n'est pas une justification valable), il sait que je suis hyper concentrée dans mon travail, super allumée, et super conciliante et prête à tout pour que tout le monde retire de mes actions et décisions le meilleur de se qui peut être fait (mais je peux me tromper). J'essaie par tous les moyens de m'organiser pour que tout le monde trouve son compte à travailler avec moi, que cela soit vraiment positif et attrayant (oui, je peux me tromper). C'est pour cela que je trouve injuste que pour une petite connerie banale il y a cet ego blessé qui se manifeste dans toute sa splendeur. Bon voilà, je suis frustrée maintenant. Not good. Je suis un peu comme le bon père de famille qui dit à son enfant ingrat: "Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu ne peux pas me parler comme ça!" Alors que c'est faux, bien sûr. Les certitudes, sur cette planète, n'existent pas. Rien n'est coulé dans le béton, rien n'est permanent, tout est à faire, tout est à recommencer. C'est fatiguant. En gros, je me sens blessée d'avoir blessé quelqu'un qui a été blessé par mon comportement et le fait d'avoir à m'excuser me blesse davantage. Bref, lorsqu'on parle de faible estime et d'ego malade....
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