lorsqu'une séance de magasinage révèle les personnalités
Décrire une atmosphère est la chose la plus difficile qui soit. Hier midi je suis allée sur la Plaza St-Hubert magasiner pour trouver un cadeau pour la naissance de la fille de mon neveu. Elle est née la semaine dernière, je compte aller les voir dimanche prochain. Je suis entrée dans ce magasin pour enfants et ai été accueillie par un couple de vieux, que j'ai évalués comme étant les propriétaires de la boutique. La vieille m'a demandé si elle pouvait m'aider. Non. J'ai fureté un peu partout à la recherche du cadeau parfait: il n'y avait que des robes de style demoiselle d'honneur et autres colifichets pour agrémenter les petites robes de poupées ou de princesse destinées aux mariages et autres cérémonies du même style. Le vieux s'est approché de moi et m'a fait la remarque qu'il était rare de voir des femmes aux cheveux rasés comme les miens. J'ai fait un peu d'humour mais j'ai senti que le bonhomme n'était pas tout à fait là. Une autres dame, employée de la boutique, fureteuse et nerveuse, style Polonaise désargentée, s'est mise à ma disposition, je lui ait fait part que je cherchais quelque chose de romantique et de ravissant pour un nourrisson, nous nous sommes dirigées vers l'endroit où il y avait des bavettes, couvertes et autres barboteuses, et avons fait des petites recherches, soudainement une dizaine de clientes latino âgées de 15 à 30 ans sont entrées dans le magasin et l'atmosphère bon enfant a changé immédiatement: les deux vieux et la Polonaise sont entrés dans une espèce de frénésie afin de pouvoir contenir le flot des nouvelles clientes et les retenir ou les réguler je ne sais trop, la vieille a indiqué d'une voix sèche et nerveuse qu'on entrait dans le magasin pour acheter seulement, une des jeunes s'est fâchée en disant que le service à la clientèle était un gros zéro, elle a rappelé ses amies disséminées un peu partout dans le local et elles sont ressorties aussi vite qu'elles étaient entrées quelques minutes plus tôt. Le mouvement d'entrée et de sortie de la cohorte de jeunes femmes, la panique des propriétaires, l'atmosphère de suspicion m'ont semblé complètement surréalistes en ce samedi jour de magasinage dans un commerce de relativement piètre qualité sur une rue relativement moche de la ville de Montréal en 2017. J'ai senti une atmosphère de défiance, de paranoïa et de rejet total, et jamais au grand jamais de toute ma vie je n'ai vu des gens se faire mettre à la porte d'un magasin comme j'en ai été témoin hier. La vieille a tenté de m'expliquer que lorsqu'il y avait trop de monde ils n'étaient pas assez nombreux pour pouvoir contrôler tous les clients, je n'ai rien dit. Ma séance de magasinage s'est terminée par l'achat de petites chaussettes de dentelle de laine et d'une petite couverture du même design. J'ai senti (ou voulu ressentir), et cela me semble complètement idiot et surréaliste, qu'en complétant mes petites achats, les propriétaires seraient contents d'avoir eu une bonne cliente comme moi. J'ai voulu leur plaire. Caucasienne, polie, gentille, éduquée, disciplinée, avec de l'argent, tout pour plaire. J'ai voulu leur plaire comme j'ai toujours voulu plaire à mes parents. Je me suis trouvée IGNOBLE. Lorsque je suis sortie du magasin j'étais atterrée.
Vouloir plaire à des gens immondes a toujours fait partie de mon complexe d'infériorité. Mes parents étaient comme ça aussi. Des larves.
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