être seule

L'avantage de vivre seule c'est que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si ma vie est insipide ou médiocre. C'est un avantage, parce que ça permet de gagner du temps. Plutôt que de m'acharner sur mon conjoint et ses multiples défauts, défaillances et autres carences pour justifier mon quotidien pitoyable et la vision d'un avenir commun banal et étriqué, je dois accepter la responsabilité pleine et entière de ma vie, de A à Z. D'un autre côté c'est emmerdant, parce qu'il n'y a personne pour me secouer les puces quand je m'enfonce dans la médiocrité. Les gens seuls vivent moins longtemps et sont moins heureux, tout le monde sait ça. Être constamment tourné vers son nombril restreint les aptitudes et les possibilités. Mais au moins, il n'y a personne pour me reprocher quoi que ce soit, de lui gâcher la vie par exemple. 

Je suis en train de me demander si je ne vis pas la vie la plus futile et étriquée qui soit. Dans le confort et l'indifférence. Dans l'égocentrisme. Les moments les plus heureux de ma vie ont été lorsque je me suis tournée vers les autres. Un membre des AA vibrant et allumé m'a amenée à faire des choses différentes qui ont donné des résultats différents dans le passé. Je lui en serai toujours reconnaissante. Malheureusement, cela n'a pas duré, cela n'est plus. C'est avec lui que j'étais capable de ce genre de choses. Il me poussait dans le vide-plein. Je suis retournée dans mes vieilles pantoufles. Que s'est-il passé vraiment? C'est l'usure, peut-être, le sentiment d'avoir fait le tour de certaines choses et de ne pas avoir envie d'y retourner, ou un manque de foi. L'usure de la foi? Ou le manque d'amour. L'amour de cet homme qui m'a amenée ailleurs, là où je devais être. Et maintenant cet homme est ailleurs. Je ne peux pas le fréquenter, pour toutes sortes de raisons légitimes et rationnelles. C'est correct, je me suis fait une raison, mais avec lui a disparu quelque chose qui ressemble à la joie, et à l'expression de mon âme, la dilatation de mon âme dans l'univers. Maintenant, mon âme est une toute petite flamme, qui ne réchauffe qu'à peine, et éclaire peu.