déception

Je suis allée visiter mon neveu, sa conjointe et leur nourrisson de deux semaines hier après-midi. Je crois, mais je ne suis pas tout à fait certaine, qu'il y a eu un froid entre mon gentil neveu et moi. J'ai remarqué, comme à peu près tous les hommes (québécois du moins), que dès qu'ils prennent de l'âge (mon neveu a 30 ans), il deviennent imbus d'eux-mêmes, et prêtent à leurs faibles réflexions sur la vie et comment la vivre, une valeur sacrée. Voilà qu'ils connaissent toutes les réponses, juchés sur leurs petits combats personnels surmontés et leur idée de la réussite en voie d'être atteinte, et pères de famille. Ils croient que ce qu'ils ont appris a valeur de vérité, et que détenir la satisfaction d'avoir trouvé des réponses les fait devenir des vrais hommes. Que c'est pathétique de voir un très gentil garçon, très allumé, curieux de tout, ouvert d'esprit, courageux et noble de coeur, devenir ce petit prétentieux avec dans ses bras la petite merveille que Dieu lui a confié, en invoquant sans sourciller le modèle d'éducation intransigeant qu'il tarde d'expérimenter sur elle. Il veut faire d'elle une machine-outil, grand bien lui fasse! Mais cette petite, qui n'a pas demandé à naître, devra vivre cette vie draconienne qu'il lui promet. Sa théorie: endurcir le coeur et la carapace afin que sa descendance ne se fasse pas emberlificoter. Pauvre tête.

Les êtres humains massacrent les enfants avec leurs idées effrayantes sur la vie. Les enfants se font jouer dans la tête par leurs parents et vont transmettre toute cette folie à leur progéniture. 

Disons que les lieux ne m'ont pas tellement impressionnée. Mon neveu est un professionnel. Il a de l'argent. Et bien son logis est celui d'un assisté social, musique techno (fort) en sus. Rideaux fermés, atmosphère pauvre et glauque. Et la pauvre conjointe, cette K., pathétique petite créature moche et molle. Que lui trouve-t-il. Où sont ses charmes? Cachés sous la couette? Il a trouvé une gentille fille qui va lui obéir au doigt et à l'oeil. N'est-ce pas ce que les tyrans veulent? 

Je suis partie rapidement au bout de deux heures de supplice, le cadeau que j'ai apporté abandonné sur une chaise et dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis. Je ne crois pas avoir de nouvelles de ceux-là avant un bout. Suis-je à ce point fermée d'esprit et intransigeante pour être persuadée que les gens doivent vivre et penser comme je le souhaiterais? Suis-je rendue aussi ignoble que cela, moi-même juchée sur mes grands principes et regardant les autres de haut, comme si j'avais moi-même tout compris à la vie? Allez, ne vous inquiétez pas, je me juge aussi très sévèrement. Et je demande à Dieu de me rendre la raison.

Commentaires

Articles les plus consultés