l'orgueil est un mauvais maître

Un fond d’angoisse ce matin. Pour aucune raison particulière. Ce qui me vient en tête : je n’ai pas de raison de m’angoisser, je n’ai rien à me reprocher. C’est une petite et piètre vision du monde n’est-ce pas? Être une bonne petite fourmi travaillante et dévouée, et se demander pourquoi l’angoisse étreint le cœur. Comme si l’angoisse était un péché, ou une punition pour n’avoir pas été une bonne personne. En étant un être humain, l’angoisse fait partie du jeu. C’est lié à la condition humaine, au fait d’avoir une conscience. De n’être pas un animal. De n’être pas un psychopathe.

Cependant, en ce qui me concerne, l’angoisse est souvent liée au fait d’avoir mauvaise conscience. Et il y a les déclencheurs. Les gens ou les événements qui me font sentir que j’ai fauté, d’une certaine façon. Ou que je n’ai pas pris tous les moyens afin d’éviter « d’être prise en faute ». Ça ne me prend pas grand-chose pour avoir le sentiment d’être prise en faute. Il suffit que quelqu’un doute de mes décisions ou de mes capacités. C’est lié à ma faible estime personnelle (oui….), et à l’orgueil, ce méchant défaut qui justifie toutes les carences, un mauvais maître, toujours.

Parfois on pense que ce sont nos défauts ou nos failles qui nous entraînent vers le bas. Il faut soigneusement et avec bonne volonté se questionner sur nos motifs les plus enfouis, les plus viscéraux. Souvent on veut la gloire, la satisfaction de l’idée de réussite, avoir une image superbe auprès des autres, impressionner, en mettre plein la vue, vouloir être impeccable, irréprochable, intouchable. C’est de l’orgueil. Lorsque l’orgueil est blessé, des souffrances peuvent apparaître. Et cela n’a rien à voir avec l’estime personnelle blessée ou écorchée, c’est une question d’amour-propre, qui n’a pas de réalité si on y pense bien.

Il faut constater néanmoins que les personnes qui ont une faible estime personnelle sont souvent bardées de multiples défenses et d’orgueil, ce maître insolent. Elles sont constamment en position d’antagonisme (envers la vie, les autres, etc.). Elles ne trouvent jamais la paix et cherchent souvent des coupables à leur état. Elles croient que leur amour-propre blessé est une raison suffisante pour prendre des mesures punitives (sous des dehors de clairvoyance, de morale, d’ordre et de principes).

Je crois sans me tromper qu’isoler le manque d’estime de l’orgueil permet un travail plus rigoureux au niveau de l’introspection personnelle nécessaire.

« Ce qui est alarmant pour celui qui est aveuglé par l’orgueil, c’est la facilité avec laquelle il se justifie. Pourtant, il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre que l’autojustification détruit impitoyablement l’harmonie et l’amour. Elle oppose l’homme à l’homme, la nation à la nation. À cause d’elle, toute forme de folie et de violence peut sembler juste, même respectable. »

« Vanité » des Réflexions de Bill (morceaux choisis d’un fondateur des Alcooliques Anonymes)

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