l'enfer c'est les autres

Je déteste en général discuter avec les gens parce tout le monde a sa petite idée sur tout et entendre des conceptions et des croyances et des idées et des scénarios et des impressions et des jugements de valeur et j'en passe m'ennuie profondément et me heurte parce que tout le monde veut avoir raison. Sentir qu'une personne à 122 cm de soi est à mille lieux de partager un minimum de valeurs avec soi, et que cette personne respire le même air me fait sentir davantage isolée sur mon île. "L'enfer c'est les autres". Les autres me ramènent fatalement à ma propre médiocrité et à la leur. C'est rarement réjouissant, c’est même épeurant. À moins, comme AA le promulgue, "lorsque deux alcooliques au moins se rassemblent afin de se rétablir, ils ne sont pas seuls, Dieu veille" (ou quelque chose comme ça). "L'enfer c'est les autres" ça serait lorsque Dieu est absent, peut-être. Dans la vérité de Dieu (écrasement de l'ego, manifestation du divin en soi), les rencontres pourraient être davantage fécondes. Peut-être que si je me mets davantage au service de ce que je crois que Dieu veut pour moi, les rencontres avec mon prochain seront plus utiles et moins décevantes et futiles. Prendre bonne note de cela. 

Un ami AA est venu me voir hier. J'ai trouvé que 99% de ce qu'il disait était un ramassis d'impressions fausses et péremptoires. Une suite d'idées sans queue ni tête. Rien de sérieux, de rationnel, de raisonné, d’inspiré, de valable. Que des jugements de valeur et autres a priori sur un paquet de choses. Cela m'a bien emmerdée. J'ai perdu mon temps. Mais cet homme, malgré tout, reste un membre actif des AA au service des autres. Voilà sa plus remarquable qualité, cette générosité et ce don de soi sans borne. C'est pour cela que ma porte est ouverte pour lui. Parce que dans ce domaine de la vie très particulier, il est un king. Et que je veux apprendre de lui à être davantage au service des autres, si ce genre de chose est transmissible, bien sûr.

Plus tard dans la journée, ma fille est venue chercher son courrier. Elle m'a raconté en une trentaine de minutes tout ce qui va mal pour elle dans son travail et ailleurs. C'est un peu emmerdant d'écouter cela sans intervenir mais je ne l'ai pas arrêtée parce que j'ai senti qu'elle avait besoin d'extérioriser son trop-plein. Une mère, c'est là pour ça. Une mère est une poubelle sur qui se déverse le trop-plein d'ego de son (ses) enfant(s). Rien de glamour. C'est horrible de dire ça, mais c'est ma vérité. Je ne raconte pas mes trucs à ma fille ou à peine, parce que ça ne l'intéresse absolument pas. Ça lui passe 14 pieds au-dessus de la tête. À 20 ans, on est férocement en pleine expression de son ego. En ce qui concerne ma fille, les règles ne tiennent pas. Elle est à part, en dehors du fameux « l’enfer c’est les autres ». Peut-être parce qu’elle est mienne, et qu’elle est en moi.

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