faire face

J'ai commencé hier un bouquin de Patrick Modiano, le prix Nobel de 2016, "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier". J'avais déjà lu un titre de cet auteur, il y a quelque temps de cela, que j'avais aimé sans être éblouie, et dont je ne me rappelle pas le titre. Je vais continuer l'étude de ses œuvres de façon plus sérieuse, parce que j'aime beaucoup passer du temps avec un auteur jusqu'à ce que je passe au suivant, et que le début de celui-ci me parait prometteur. Ça me fait du bien dans ma vie de tous les jours, d'avoir un livre qui m'attend sur ma table de lecture, ça me réjouit et me réconforte, cette présence tranquille qui attend ma disponibilité totale le soir venu. Il faut qu'il y ait un livre en attente quelque part pour moi; ainsi, j'ai l'impression de n'être pas seule au monde. Ou plutôt, que ma vie n'est pas vaine, d'une certaine manière, parce que je vais "honorer" une oeuvre que quelqu'un s'est acharné à mettre au monde durant des mois, parfois des années. Cela m'apparaît être un juste retour des choses, et une validation des efforts et de la persistance de quelqu'un qui fait le plus beau métier du monde, inventer un monde. Dans lequel je suis invitée avec grâce et force moulinettes de bras métaphoriques. Cela ne donne pas de sens à ma vie, cela fait partie intrinsèque de ma vie, comme le boire et le manger.

Ce matin je me suis réveillée un peu avant le cadran, et ma première pensée a été: "Non! Pas encore le boulot!" Ça part mal une journée. 

Sophia Amoruso a trouvé, elle, sa passion. (j'ai écouté en rafale hier "Girlboss", très bon). Moi, ma passion, ce n'est pas ce que je fais pour gagner ma vie. J'aime mon boulot, je me donne entièrement à mes dossiers, mais il me semble que la tâche et le niveau de stress afférent augmentent de mois en mois, d'années en années. Y a-t-il une limite à ce qu'on peut demander à un être humain de faire? Y aura-t-il un moment où je ne pourrai plus y faire face? Chaque matin lorsque je me réveille, je me le demande.