à chaque journée suffit sa peine

Les vieux dictons ont du bon. "À chaque journée suffit sa peine" est un de ceux-là qui détient une force tranquille qui est aidante. Lorsque au bureau il arrive un événement et que je sens que j'ai raté mon coup, ou que j'aurais pu faire mieux, ou que mon comportement ou mes actions ne reflètent pas exactement ce que j'aurais aimé produire comme résultat, je revient sans cesse là-dessus et considère cela comme une erreur ou une faute. Ça va vite dans ma tête et je peux me rendre au stade où je veux absolument régler le problème, me reprendre, ou faire des vérifications, et ça peut aller jusqu'au soir, à la maison, je retourne constamment le problème dans ma tête, et n'arriver à ne penser qu'à ça. 

J'essaie d'éviter ces envahissements inopportuns le plus possible maintenant dans ma vie. À chaque jour suffit sa peine signifie pour moi que lorsque je ne peux pas agir dans l'immédiat, j'arrête les pensées pernicieuses qui viennent me gruger de l'intérieur et m'obsèdent à un point tel que je ne suis plus dans la réalité concrète mais dans mon ego défensif qui recherche à tout prix une solution ou une manoeuvre ou une façon de revérifier l'étendue de ma responsabilité, des conséquences à ce que j'ai fait ou dit, et l'étendue de mes manquements. Ça peut réellement gâcher mes journées, et mes soirées, et je crois sincèrement que ce n'est pas utile, pis encore, que c'est nuisible. Lorsque les pensées égocentriques apparaissent, je les arrête. Je peux les arrêter cent fois, mais je les arrête. À chaque journée suffit sa peine.

Hier après-midi mon supérieur est venu me voir. Il avait besoin de mon point de vue sur un événement et ça urgeait, comme on dit. Je ne suis pas très bonne en général dans l'instantanéité. À moins que je sois dans le dossier ou le flux d'une opération dans laquelle je baigne; à ce moment-là, je performe. Mais lorsque une demande surgit de nulle part et que je n'ai pas le temps de faire une analyse préliminaire et que je dois répondre sur-le-champ, je vais produire de l'information, mais y sera mêlée de l'émotif nul et non avenu. Bref, je n'ai pas donné l'information la plus complète et la plus significative. J'ai donc rappelé mon supérieur, mais entre temps j'ai eu une couple d'urgences ce qui fait que l'appel que j'ai fait était encore une fois parasité par mon état d'esprit nerveux et l'information n'a pas passé. Il semble que je n'aie pas été capable d'analyser de façon rationnelle les événements de cet après-midi là et de produire de l'information adéquate, et c'est mon supérieur immédiat qui a été témoin de cela et ça m'emmerde royalement. C'est peut-être mon perfectionnisme, ou mon orgueil, ou mon ego, mais j'aurais voulu pouvoir me reprendre et je n'ai pas su comment je pouvais le faire sans avoir l'air de quémander une récompense ou un encouragement ou une forme d'absolution, ce qui est tout à fait ridicule. 

Je me suis acharnée (...), pour le reste de l'après-midi, à produire un rapport que je remettais sans cesse aux calendes grecques afin de me bien faire paraître auprès de lui. Le rapport complété et transmis à mon supérieur à la fin de la journée, la tentation a été grande de l'appeler et de m'entêter non pas pour faire le suivi mais pour obtenir sa bénédiction, c'est-à-dire la preuve que j'étais une bonne petite employée dévouée et au top de ses capacités, digne d'être respectée donc sauvée. Je voulais me faire valider, personnellement, par une personne qui n'en a probablement rien à foutre (c'est clair), pour ne pas perdre la face et me remonter dans son estime. Je voulais la fameuse "tape dans le dos", parce que je sentais que j'avais dégradé à ses yeux. 

La recherche frénétique de l'approbation des autres peut aller loin et ruiner une vie. Ce n'est pas ce chemin-là qui permet une vie saine et sereine. Et les gens le sentent et ce n'est pas utile. C'est donner du pouvoir à quelqu'un et le mettre sur un piédestal et devenir une victime. Je ne veux pas cela. C'est pour ça que j'arrête mes pensées lorsqu'elle entravent ma liberté et mon libre-arbitre. Pour ne pas aller trop loin dans ma quête de la perfection et l'acharnement à vouloir contrôler les autres, afin de colmater les brèches de mon estime mise à mal.

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