trop paresseuse pour être utile

Tout à coup, je me suis mise à décortiquer mes intentions et mon sentiment de faire oeuvre utile, les regarder honnêtement en face, et ce que j'ai vu n'était que du vide, ou une forme de masturbation mentale, ou le besoin de faire claquer ma réalité avec des images et des mots et des réalités saisissants provenant de l'extérieur, sans danger. Ce vide est créé ou induit par l'ennui. Un indicible ennui provenant de mon égoïsme, mon égocentrisme et mon individualisme. Ennui provenant de mon indifférence. Se scandaliser et s'émouvoir, toute seule, confortablement installée dans son joli petit salon aménagé de façon coquette, dans le joli petit appartement immaculé d'un petit quartier tranquille de Montréal, où personne ne vient jamais déranger l'ordonnancement des objets, en lisant les livres de Monsieur Roméo Dallaire, voilà ce qui va changer le monde.
  • Premières lueurs: mon combat contre le trouble de stress post-traumatique
  • Ils se battent comme des soldats, ils meurent comme des enfants: pour en finir avec le recours aux enfants soldats
  • J'ai serré la main du diable: la faillite de l'humanité au Rwanda 

J'ai lu tous les livres de Monsieur Roméo Dallaire cette semaine. Dernière semaine de vacances, sentiment de faire oeuvre utile. Je n'ai pas sombré dans le misérabilisme durant ce temps très exactement parce qu'en lisant ses livres je suis sortie de moi-même, j'ai ressenti des émotions ne provenant pas exclusivement de ma petite réalité de fonctionnaire aux vacances bien méritées, encabanée dans son appartement. Je me suis sentie envahie par le sentiment de faire quelque chose d'important, de m'éveiller à des réalités sombres, importantes à saisir et à comprendre (...).

Oui mes amis, je me suis tapée une bonne dose d'exotisme primaire, me suis scandalisée, ai pleuré (métaphoriquement), et finalement, demain matin, je prendrai la route de mon bureau comme d'habitude et recommencerai mon train-train quotidien et rien n'aura changé à ma réalité ou à celle d'autrui. Voilà ce que c'est se regarder honnêtement. C'est constater la valeur hautement contestable de mes minuscules velléités d'être une bonne citoyenne du monde informée des misères planétaires. C'est constater que me vautrer dans la misère des autres me fait du bien parce que ça renforce mon sentiment d'être épargnée. 

Est-il plus justifiable ou légitime de se tenir informée et de ne rien foutre avec ce que l'on sait, ou de se foutre complètement de ce qui se passe. Le résultat est le même, il ne se passe rien. Lorsque la conscience s'éveille...on n'est plus jamais en paix. C'est ça la différence.

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