la folie serait de croire à ma folie
Je n'ai pas de certitudes. Je pense blanc, et ensuite noir, et vice-versa, à longueur de journée. Mon cerveau sécrète tout et son contraire, parfois simultanément. La folie serait d'y croire. Vu que je ne suis pas encore cliniquement folle, je ne crois rien de ce qui émane de moi. Je ne peux pas me faire confiance, je ne suis certaine de rien, je me méfie de moi et de mes états élastiques, dramatiques. J'essaie d'évaluer ma réalité objectivement: cela ne me dit rien qui vaille je ne sens pas de prise je ne sais pas où se tient la vérité. Je ressens une antipathie monstre pour ma fille (qui me fait tellement penser à son père), et deux secondes plus tard les émotions les plus douces, les plus maternelles et larmoyantes qui soient me remplissent de culpabilité à la seule idée que j'aie pu penser des choses aussi bad à son égard. Je l'aime à la folie! Aujourd'hui j'ai pris congé. Mes intestins me font souffrir: crampes et spasmes qui ne partent pas depuis hier pm. Migraine. Fatigue, etc. Ce matin j'ai eu une envie subite d'en finir, alors que je commençais "Les autres" de Georges Simenon. Mes envies de mourir sont toujours brutales, elle arrivent quand ça leur chante. Je n'y peux rien (oui faire du meeting). Je ne veux pas mourir tout de suite, c'est une blague de mon cerveau déréglé. Je dois me méfier de mon cerveau déréglé qui me donne des envies subites de mourir, comme on pourrait avoir une envie subite de tarte aux pommes avec crème glacée à la vanille et un petit café pour compléter le tout en cette belle journée glaciale à Montréal, Québec, Canada. Je fais toujours les mêmes trucs, nettoyer ma maison, faire les courses, descendre les vidanges dans la rue, prendre soin de mon visage, de mes dents, de mon corps, essayer de dormir, travailler, prendre le métro, rencontrer des personnes humaines, rire et discuter, regarder Pinterest et des tutoriels de maquillage sur Youtube, lire des magazines et des bouquins, passer une fois par semaine à la bibliothèque de mon quartier. Manger. Chier. Être menstruée. Prendre toutes sortes de pilules pour le ventre et la tête. Essayer désespérément d'avoir envie de faire du meeting. Une vie bien ordinaire, qui se vit bien ou mal, à chaque instant. Et moi j'en attends des tonnes de dividendes, car j'ai en tête que la vie doit valoir la peine qu'on la vive, qu'elle donne beaucoup plus que ce qu'on y met. Il doit se passer quelque chose bon sang. Quelque chose de merveilleux que je n'aurais pas planifié et qui ensoleillerait mon existence. Mais en même temps je ne veux rien qui me fasse bouger de mon fauteuil de lecture et de ma bouillotte et de mes siestes de l'après-midi les samedis ou les dimanches. Si ça bouge trop vite je veux le calme, la paix, me cacher sous mon lit (que je n'ai pas), et oublier que j'existe. S'il n'y a rien qui se passe j'ai l'impression de ne pas vivre vraiment, de rater ma vie à ne pas sortir, à ne pas aimer, à ne pas baiser. Je commence à être sérieusement épuisée d'être moi (et de vouloir sans cesse me protéger d'éventuelles intrusions nulles et non avenues dans ma vie ou considérées comme telles). Mes pensées débiles, virevoletantes comme des oiseaux de malheur ne me sont d'aucune utilité. Je ne suis pas utile pour moi-même. Il n'y aura pas de cadeau. La condition humaine est pathétique. Pourquoi ne suis-je pas un chat, ou un rat.
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