être en sécurité en ce monde
Rien de bien excitant sous le
soleil dans ma vie mais pas de drame en vue. De l’ordinaire extraordinaire.
Dans un monde de fous. Où je me sens chanceuse, en étant née femme, de vivre
ici, dans cette petite province tranquille d’un grand pays pacifique avec un
magnifique Premier ministre (Justin Trudeau), et en sécurité, quoi qu’on en
dise, et protégée aussi. Par exemple, je ne barre jamais la porte de mon
appartement (n’ai jamais utilisé la clé, peut-être n’existe-t-elle plus). Aucun
problème avec ça, de jour comme de nuit. Je me sentirais en sécurité à me
promener seule la nuit dans mon quartier, si jamais il me prenait l’envie de
faire quelque randonnée nocturne, ce qui n’arrivera pas de sitôt, mon bienheureux
et rarissime sommeil étant une des choses les plus importantes pour ma santé
mentale depuis quelques années. Je ne me suis jamais sentie en danger, même
durant les années où mes pérégrinations alcooliques m’ont amenée à côtoyer une
diversité de personnes considérées comme peu recommandables. Mes insécurités
sont intérieures. Liées à ma personne, à mon histoire, probablement à mes
ancêtres, à ma génétique peut-être, et qui n’ont rien à voir avec ce qui se
passe ici et maintenant dans notre monde. Il n’y a personne qui crève la faim
au Québec. Les détenus sont traités correctement. Les ivrognes, clochards et
mendiants de tous acabits sont souvent grassouillets, personne n’a froid ou
faim. Il n’y a pas de squelettes rachitiques qui font la manche à la Ghandi,
les soins de santé sont gratuits (régime universel de protection). Les organismes
communautaires sont subventionnés. Il y a une protection minimale pour ceux qui
ne peuvent pas travailler. Des allocations pour les familles avec enfants. Des
frais de garderie minimaux. Il y a moyen de s’en sortir, dans pratiquement
toutes les situations. Quelqu’un qui cherche de l’aide va en trouver. Pourtant,
nous avons un des taux de suicides les
plus élevés de la planète. Pourquoi.
Plus je vieillis, plus je me sens
privilégiée d’avoir eu la chance de naître dans un pays comme le mien. Je suis
fière et heureuse d’être Canadienne. Lorsque je voyage, je suis considérée de
façon positive, il n’y a jamais d’apriori négatif à ma présence, peu importe l’endroit.
C’est impressionnant et valorisant et donne le goût de sauvegarder cette image
d’ordre et de respect en étant impeccable (genre, chambres d’hôtel, pourboires,
sourires, etc.). Je suis globalement privilégiée, à l’intérieur d’un système qui
marche, qui assure une protection contre d’éventuelles dérives de l’État (Charte
canadienne des droits et libertés, mise en place par le père de notre actuel
Premier ministre, Pierre-Elliott Trudeau). J’ai l’impression que quoi qu’il
arrive, je m’en sortirai. Ou du moins, si je cherche de l’aide, je pourrai en
trouver. Mes insécurités sont intérieures, inhérentes à ma personne. Celles-là,
personne d’autre que moi ne les ressent, personne d’autre que moi ne peut faire
la job de s’en occuper à ma place.
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