choses normales faites et pensées normales ruminées

Comment on fait quand sa fille de 21 ans part en studio? On l'appelle ou pas? On la visite ou pas? On fait des courses pour elle ou pas? Même si son père et moi continuons de payer ses études, tous les soins de santé, les bouquins, le transport, le cellulaire, le reste sera de sa responsabilité. Jusqu'où je m'engage, et comment? Par des ententes avec elle (elle a tendance à ne rien demander), par décret (je m'engage à lui payer tant par moi, etc.), ou par surprise (je lui transfère de temps à autres de l'argent, ou j'arrive avec des plats préparés, ou des courses)? Qu'est-ce que je fais, et comment, vu que la petite ne communiquera pas ses besoins (je le sais parce qu'elle n'aime pas faire cela). Hier soir je me suis couchée avec cela en tête. Je ne sais pas si ce sont les deux cafés forts pris hier, la perspective de ma journée de travail stressante d'aujourd'hui avec du nouveau personnel, ou bien toutes les pensées tournant autour du départ de la petite et ce que je dois faire ou pas la concernant mais je n'ai pas vraiment bien dormi, comme souvent les nuits du dimanche au lundi, lorsqu'une nouvelle semaine de travail commence. Bref. 

Ma fin de semaine a été un peu déprimante, un peu ennuyante. J'ai lu "Les fantômes du chapelier" de Georges Simenon, et c'était un de ces "romans durs" comme il les décrivait, et vraiment, plus je lis cet auteur, plus je me rends compte qu'il était très bon pour raconter des histoires réellement profondes au niveau de l'âme des protagonistes: elles restent longtemps en tête, elles sont réelles. Je trouve cet écrivain exceptionnel : ses bouquins sont puissants et marquants. Ce n'est pas seulement l'auteur des Maigret, loin de là, et je ne m’en lasse jamais. Et puis je me suis promenée, fait des courses, dormi tout mon content, coupé les pointes des cheveux de ma fille à sa demande. J'ai été bien contente de le faire, ça faisait longtemps qu'elle ne m'avait pas demandé quelque chose….

C’est cela ma vie : un paquet de choses plus ou moins importantes de faites, un paquet de pensées plus ou moins importantes de ruminées, et tout cela n’aura pas changé le monde, ce n’est que du temps passé à passer le temps jusqu’à ce que cela finisse comme pour tout le monde six pieds sous terre. Consternant mais qu'y puis-je. Pour l'instant l'imagination me manque pour trouver cela autrement que déprimant.