faire du meeting AA ou ne pas en faire, telle est la question du jour

Encore une fois j’ai tergiversé lamentablement durant une partie de la matinée et ne suis finalement pas allée faire un meeting. Je ne sais pas pourquoi ça devient de plus en plus pénible de me déplacer et me rendre à une foutue salle AA. Au-delà de la paresse, en quoi consiste ce phénomène de manque de motivation ultime et son origine. Pourquoi cet immobilisme, cette paralysie maintes fois démontrée à l’idée de faire un maudit meeting. Il y a plus de 500 réunions par semaine sur l’Ile de Montréal. Il y en a les matins, les midis, les après-midi, à l’heure du souper, le soir et même tard dans la nuit. Près de mon bureau, à 10 minutes de marche à peine, il y a un centre de désintoxication et sa thérapie, et tous les midis et soirs il y a des réunions AA et CA qui s’y tiennent. C’est un lieu reconnu pour son expertise poussée des toxicomanies. Je peux me pousser du bureau à l’heure du midi sans problème. Cela me permet de ne pas être obligée de faire du meeting le soir alors que j’ai ma journée dans le corps et que je préfère me reposer à la maison. J’aime être dans une salle, j’aime les gens, l’énergie, la chaleur, la vibration particulière d’un lieu qui peut réconforter des gens pris dans de vertigineuses descentes aux enfers, qui peut faire remonter à la surface des gens qui n’avaient plus d’espoir. C’est dans une salle qu’un alcoolique apprend à vivre, s’il ne s’est pas tué avant (…). Les addictions sont dangereuses, rien de nouveau sous le soleil. J’ai tout ce qu’il me faut, à ma portée, pour me rétablir, sans grandes difficultés, sans sacrifice énorme. J’ai tout ce qu’il me faut pour vivre mieux, il suffit de le prendre, et je ne le prends pas. Pour ma défense je pourrais dire que 12.5 années de meetings, c’est beaucoup. J’en ai fait des tonnes. Mais ce n’est pas le passé qui compte, c’est ici et maintenant que ça se joue. J’ai accumulé du temps d’abstinence, mais tout n’est pas joué, je ne suis pas guérie (l’alcoolisme ne se « guérit » pas), je dois continuer à prendre soin de moi, encore et toujours, c’est ça la réalité. La réalité de cette maladie, c’est qu’on n’est pas guéri une fois pour toutes, et l’accumulation d’un nombre X de meetings ne garantit rien pour l’avenir. Le diabétique doit continuer à prendre sa médication régulièrement tous les jours. Même chose pour l’alcoolique en rétablissement. Si mon spleen des derniers jours, des dernières semaines même ne me donne qu’une envie, celle de me coucher et de réapparaitre, tel un phénix, au faîte de ma splendeur et complètement renouvelée, je me trompe. Cela n’arrivera pas. Mais quand même, cette tristesse que j’ai, elle est là, elle finira bien par s’estomper. L’hiver va bien finir par se terminer. Ma fille va s’en aller. Je déménagerai. D’autres choses vont se mettre en place. Ou pas. Faire plus de meetings m’aiderait à passer ce cap en douceur. Je ne me rends pas la vie facile. Mais ce n’est pas « facile » non plus de faire du meeting. Alors.

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