souffrir c'est ne pas être morte

Mon corps se manifeste à moi à chaque instant de façon désagréable ou douloureuse. Lorsque j'étais plus jeune, je le maltraitais et l'éprouvais continûment, sans savoir à quel point lorsque la machine se détraque ou perd sa souplesse et sa silencieuse mécanique bien huilée, le sort qu'on veut lui réserver est celui de l'empêcher par tous les moyens de s'altérer davantage. Il me semble que tout est cruel dans la vie. Alors qu'on est beau, jeune, fort, il arrive qu'on ait des pulsions auto-destructrices tellement fortes que rien n'est épargné pour se faire la vie dure. Et lorsqu'on apprend enfin à vivre avec soi, en soi et dans la vie, voilà que les possibilités physiques s'amenuisent. Alors que la possibilité d'être heureux vient, avec une forme de sagesse acquise au gré des épreuves et autres apprentissages douloureux, la conscience de sa finitude et de la portée infinitésimale de sa propre existence sur l'ordre des choses apparaît dans toute sa force. La lucidité vient. Le douloureux apprentissage de l'honnêteté, du regard dénué d'émotion sur soi-même, ses capacités et ses tares. L'apprentissage de son immense responsabilité personnelle dans toute chose, et l'insignifiance finale de toute action au regard du temps passé et à venir, et la déroute face à la folie et la violence du monde. Et l'intégration de l'humilité, essentielle pour se voir tel qu'on est, et prendre sa place, mais pas toute la place. Et tous les deuils qui surviennent. Apprendre à faire confiance en Dieu. Agir sans espoir, et sans désespoir. Agir du mieux qu'on peut, en ne sachant pas ce que ça va donner, mais en sachant au fond de son âme que c'est ce qui permet de garder son humanité, sa fierté. Faire son devoir d'être humain, ne pas se nuire, et ne pas nuire aux autres, même si superficiellement ça peut paraître grotesque pour l'ensemble des gens. Être au service des autres. Essayer de s'oublier et oublier ses petites misères personnelles. Se répéter encore et toujours la prière de la sérénité:"Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, la courage de changer ce que je peux, et la sagesse d'en connaître la différence".

Et les Accords Toltèques: Ne pas faire de suppositions, Ne rien prendre personnel, Faire toujours de son mieux, Parole impeccable.

Je suis morte de peur la plupart du temps, mais vaut mieux ça que la mort.

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