bourreau de travail
Je suis sous le choc de la capacité de
travail de l'auteur Joyce Carol Oates. Elle est phénoménalement productive.
Dort peu (4-5 heures par nuit), mange peu ou à peine, adore travailler,
enseigner, lire, étudier, écrire, réfléchir, jouer du piano, écouter de la
musique (surtout le piano, et Chopin et Debussy à cette période-là (1978)),
avoir des amis chers et les rencontrer (repas, soirées), la peinture, la visite
de musées, se promener, la nature, la beauté sous toutes ses formes, etc. En
février 1978, dans son Journal, elle raconte que son mari lui a donné la grippe
pour la St-Valentin (!), et qu'elle ne se sent pas très bien (cerveau en
bouillie, grande fatigue). Et bien, cette journée-là, elle est à l'écriture
d'un livre et d'une nouvelle simultanément (elle écrit tout le temps et a
souvent, lors de l'écriture d'un roman, des petites échappées de poésie et
d'autres formes d'écriture comme des nouvelles, une novella, une critique, un
essai, ou la correction de travaux d'étudiants (des centaines!), la préparation
de cours, et d'autres lectures en parallèle, foisonnantes et nombreuses, des
travaux de recherche pour le (les) travail (aux) en cours), et réussit à pondre
en un après-midi 36 pages d'écriture. Et c'est sans compter qu'à l'époque, elle
écrivait à la main, et retapait tout à la machine (du moins, pour ses romans),
et qu'elle retravaille constamment ses textes. Souvent, elle réécrit
complètement le premier jet et le retravaille jusqu'à ce qu'elle en soit
satisfaite, jusqu'à ce qu'elle sente qu'elle a atteint une forme de
"perfection".
On ne peut pas se comparer à ce genre
d'artiste. Elle est complètement à part. C'est comme vouloir se comparer à
Einstein, et se désoler de ne pas être capable d'atteindre son génie. Joyce
Carol Oates est une bête de somme, un génie de l'écriture, et ce que ça me fait
sentir, c'est une grande admiration pour sa capacité de travail extraordinaire,
ses passions, et une émulation pour mes petits projets minuscules, et le
sentiment d'être extrêmement choyée qu'un tel être humain existe. Ça me donne
aussi le goût de relire "Blonde", un de ses livres les plus encensés
(et vraiment très bon).
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