deux fucking coups de cuillière à pot

Hier, afin de dealer avec le départ de ma meilleure amie et adjointe au bureau dans deux mois, j'ai relu mon journal personnel (tenu depuis que j'ai arrêté de boire en juillet 2005), afin de retracer les moments avant son arrivée au bureau en septembre 2009, et évaluer comment s'était passée cette transition à l’époque. J'ai voulu constater qu'avant septembre 2009 alors qu'elle n'était pas avec moi, j'arrivais quand même à m'en sortir dans la vie, genre. Et bien oui, je faisais ce que j'avais à faire. Elle n’avait pas pris cette place précieuse qu’elle tient dans ma vie aujourd’hui.

Les gens vont et viennent, rien n'est permanent. Je veux l'accepter complètement et totalement, même si c'est cruel et que ça échappe au contrôle de tout le monde (elle a échoué son examen d'évaluation pour le poste qu'elle occupe de façon temporaire à mon bureau, le temporaire ayant duré finalement 8 ans), et que tout le monde s'en fiche sauf nous. Voilà que l'administration québécoise séparera une si belle paire, si harmonieuse et fonctionnelle. Il n'y a pas de justice. Après ça on se demande pourquoi les gens sont si avides de sensations fortes et de plaisirs faciles. Et bien, c'est exactement pour ça: alors que tout est si fonctionnel, si impeccable, si parfait, pour une raison stupide d'organisation administrative ça s'écroule. Après, comment peut-on penser qu'en construisant tranquillement pas vite une équipe, une unité du tonnerre, avec de la sueur, du travail, de l'acharnement, des heures de galère, et que finalement ça s'écroule comme un château de carte, comment peut-on penser qu'on obtient des dividendes après des efforts et un travail acharné? Comment peut-on croire en cela? Comment peut-on croire que le temps, l'expérience, le travail, sont des valeurs précieuses qui ont énormément d'importance, qui sont respectées comme telles?

Dans notre société ces choses là n'ont aucune valeur. Je ne suis qu'un pion, qu'un numéro, interchangeable à loisir, et ma collègue pareil. Comment néantiser le travail de deux personnes en deux coups de cuillère à pot.

Je ne crois pas au "destin", cette idée d'une voie tracée à l'avance, une espèce de karma ou de fatalité à laquelle on ne peut rien. Je n'y crois absolument pas. Je crois en la liberté, cette liberté si souvent difficile à assumer. Qui nous donne de multiples possibilités angoissantes, parce qu'incertaines au niveau des résultats, résultats qu'on doit assumer complètement parce que personne ne peux faire nos choix à notre place (souvent on laisse les autres choisir, et par peur ou pour toutes sortes d'autres raisons, on laisse faire, en se disant que c'est le destin qui en a décidé ainsi, ce qui est faux). Trop facile de blâmer les autres ensuite pour nos chemins de traverse.

Parfois cependant, il est difficile de croire que nos gestes, nos décisions, nos paroles ont un quelconque effet sur notre destinée. Parfois, deux coups de cuillère à pot suffisent pour anéantir un beau chemin de réussite. Alors, il faut s'inventer un autre chemin. Là réside le reste d'ombre de parcelle de fragment de miette de liberté disponible. Là s'accompliront le reste des jours à venir.


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