quand quelque chose nous fait tellement chier

Je fais passer, avec ma directrice, des entrevues pour le poste d'adjointe à mon bureau. À date, 6 candidats ont passé devant mes yeux éblouis. Des gens d'autres pays, résidents permanents ou citoyens canadiens mais exilés de leur pays d'origine, qui essaient de se placer au gouvernement (mesures d'accueil pour minorités ethniques ou visibles, handicapés ou autochtones) et pour qui j'ai beaucoup d'admiration et de compassion. À date, une colombienne, une algérienne, une burkinabé, un syrien, un togolais et un autre dont je n'ai pas su l'origine exacte mais qui avait les traits d'un méditerranéen. Des gens avec des tas de diplômes supérieurs, dans leur pays d'origine, et des professionnels, et qui accepteraient avec joie un poste d'agent de bureau dans la fonction publique avec un maigre salaire à l'avenant. Je suis de tout coeur avec ces gens qui n'ont tellement pas la vie facile et les opportunités que j'ai eues, étant née ici. D'un autre côté, ça me brise le coeur de faire passer des entrevues à des gens alors que ma collègue, mon amie, avec qui ça roule tellement bien devra partir dans deux semaines (...). Je suis affligée et en entrevue j'étais joviale et avenante avec les candidats jusqu'à ce que le syrien apparaisse dans toute la gloire de ses expériences passées, sa bonhomie, son intelligence, sa volonté enthousiaste de travailler à mon bureau, son trilinguisme, etc., et c'est précisément à ce moment que je me suis mise à changer d'attitude et à le regarder férocement parce que je sais que c'est à date le meilleur candidat et que si rien de meilleur ne se présente ça devrait être lui qui sera choisi (...).

Oui, j'avoue avoir pris mon air le plus glacial style interrogatoire stalinien mêlé d'indifférence et de froideur. Cela a été tout à fait inconscient. Je trouvais qu'il semblait trop l'avoir, l'affaire, avec sa belle humeur et sa confiance, etc. Finalement je me suis rendue compte rétrospectivement, en analysant mon attitude, que c'est arrivé parce que oui, c'est vrai, ma collègue va vraiment partir et perdre son emploi et que c'est le syrien qui va la remplacer??????????????????? J'ai vraiment réalisé, de façon plus aigüe qu'auparavant si c'est possible, qu'à tout jamais, ma collègue et moi c'est fini. La page est tournée, finito. La fin des haricots. ÇA ME FAIT TELLEMENT CHIER. 

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