solitude de looser
Franz Kafka était fonctionnaire. Je suis fonctionnaire. Il me passe des idées comme ça, pour me faire croire que je ne suis pas condamnée à faire la même chose toute ma vie et que, miraculeusement, par une métamorphose, je m'incarnerai en "quelqu'un qui écrit des livres" un jour. La plus noble des tâches, à mes yeux. Kafka l'a fait, pourquoi pas moi! J'ai toujours été une rêveuse, qui pellette des nuages, à longueur de temps. Les seuls temps de ma vie où je n'ai pas été dans des rêveries éveillées, c'est lorsque la spiritualité m'a attrapée. C'était tout autre chose. C'est bien fini maintenant. On dirait que je recommence à croire que je suis née pour un petit pain, et que rien de vraiment bon ne pourra surgir de mon existence. Je me sens médiocre. La médiocrité m'enlace de ses longs bras blêmes. Même si je reconnais mes grandes chances, d'être née femme au Québec par exemple, même si l'hiver me rend misérable (...). Et aussi d'avoir enfin trouvé un travail dans lequel j'excelle et pour lequel je suis reconnue. Et de ne manquer de rien. Et d'être libre de mon temps et de mon corps et de ma vie, aucunement asservie et esclave des désirs et contraintes hypothétiquement exercées par autrui.
Je relis "Mémoires d'une jeune fille rangée" de Simone de Beauvoir. J'ai commencé hier soir "Englebert des collines" de Jean Hatzfeld. J'ai terminé les quatre saisons de la série Bosch en streaming. Je vais travailler toute la semaine, et aujourd'hui sera une journée bien occupée. Je pars à Paris dans trois semaines, pour un bienheureux dix jours de visites et d'émerveillement dans un des endroits que j'aime le plus au monde. Je suis une privilégiée, mais je continue de rêver. Rêver à quoi? Et pourquoi ce sentiment de plus en plus lancinant de ma médiocrité? C'est probablement lié à ma solitude, cette solitude qui....
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