les écrivains écrivent aussi pour des personnes comme moi

J'ai lu les dernières semaines «Dans le nu de la vie, Récits des marais rwandais», «Une saison de machettes», «Un papa de sang», «Englebert des collines», et «La stratégie des antilopes» de Jean Hatzfeld. Tout un univers que je ne connaissais pas du tout, celui des "vrais rwandais", disons, rescapés, tueurs, leurs familles, leurs enfants, et... leurs récits. Je me suis aussi, les dernières années, intéressée au génocide rwandais par les livres du général Roméo Dallaire, «J'ai serré la main du diable: la faillite de l'humanité au Rwanda», «Premières lueurs: mon combat contre le trouble de stress post-traumatique», et «Ils se battent comme des soldats, ils meurent comme des enfants: pour en finir avec le recours aux enfants soldats». Tous ces bouquins ne sont pas suffisants pour se faire une tête sur ce qui s'est passé au Rwanda au printemps 1994. Cependant, j'ai appris des choses. Ou plutôt, ça me confirme certaines choses. Dont celle-ci: les Hommes sont capables du meilleur et du pire. Le génocide des Tutsis rwandais s'apparente au pire, dans ce qu'il y a de pire.

J'en ai fini pour l'instant du génocide rwandais. Je passe à autre chose. Mais quoi? Rien ne m'inspire.

Il est à noter que je suis passée des oeuvres de Georges Simenon au génocide rwandais, comme si tout ce matériel s'équivalait. J'avale des récits de massacres génocidaires et puis je passe au Marie-Claire Décoration, en pensant à ce que je vais bien pouvoir manger pour le souper, en finissant le 5e épisode de la deuxième saison de la Servante Écarlate, tout en flattant Zézette. De plus, je me congratule de ma journée de congé de demain (fête des Patriotes). Voilà le genre de personne que je suis. Je me complais de la souffrance des autres sans aucun état d'âme. Et ceux qui écrivent sur ces souffrances, pour qui écrivent-ils? Pour des personnes comme moi?

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