rien ne sera plus pareil
Rien ne sera plus pareil au bureau et il
faut que je l'accepte. Rien ne sert de penser obsessivement au bureau ça ne
changera rien à la situation. Un monde a pris fin, et un autre se met en place.
Ça ne me fait pas plaisir, mais il faut que je vive avec, que je tire parti de
la situation et que je continue à être celle que je suis mais en étant souple,
accueillante envers moi-même, et me donner davantage aux autres, et faire confiance en la vie. Et
que je fasse du meeting. Il n'y a rien de compliqué à la recette pour donner du
sens à tout ça, et pourtant que j'ai des résistances! Il est parfois difficile
de voir des opportunités là où il ne semble y avoir que des
obstacles. Je me sens tellement fatiguée, à bout, vidée. C'est l'accumulation.
J'ai l'impression que simultanément ça déborde de partout et qu'il y a un grand
vide.
Depuis 8 ans, je travaillais avec la même
personne qui est devenue une amie chère, précieuse, qui me comprenait et qui
m'acceptait comme je suis, et avec qui la relation était harmonieuse et productive.
Je lui ai donné beaucoup de mon amour, de mon temps et de mon respect. Je lui
ai fait sentir qu'elle était aimée inconditionnellement. Et je sentais que pour
elle c'était la même chose. Depuis son départ, je me sens tellement seule, et
vide. Le nouveau qui est arrivé hier ne la remplacera jamais, et cela m'a
tellement perturbée de le voir prendre sa place à son bureau, de le voir
derrière la cloison qui sépare nos deux espaces de travail, et de l'entendre
rire et poser des questions et se mouvoir et vivre et ce n'était pas elle et ça
m'a pris tellement d'énergie pour dealer avec ça. À la fin de la journée
j'étais littéralement vidée.
Je n'ai pas confiance au nouveau. Il faut
que je fasse bien attention à mes paroles et mes gestes. C'est un homme, et les
hommes ne comprennent pas comment les femmes sont fabriquées. Il y a quelque
chose en eux qui les empêchent d'appréhender de façon profonde et féconde le
monde alambiqué et vaporeux des femmes et leurs appétits, leurs ambiguïtés et
leur folie. De plus, c'est un Syrien. Et cela, à tort ou à raison, me le rend
davantage éloigné ou imperméable à certaines réalités (…).
J'ai une personnalité assez forte. Je suis
difficile à saisir. J'ai un humour féroce, tordu, bizzaroïde. Je suis capable
de démontrer un charme inouï ou d'être d'une froideur impitoyable. Je n'aime
pas la connerie et les gens qui ne comprennent rien aux subtilités du monde et
des relations et qui n'ont pas de charme. Je n'aime pas les gens qui chialent
pour rien et qui ont une attitude de victime, ou qui se prennent trop au
sérieux. Je peux être tendre, douce, et bonne. Mais en période de stress,
lorsque les heures sont longues et tendues, et que je ne sens plus aucune
espèce de forme vitale m’animer, je ne suis ni tendre, ni douce, ni bonne.
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