accomplissement nécessaire

L'accomplissement nécessaire. Ça vient de Simone de Beauvoir. Je trouve que c'est un concept fondamental (avec des bémols), c'est beau. 

Il y a peu de gens sur la planète qui ont le luxe de pouvoir envisager une seconde "s'accomplir". Pour eux, la nécessité, ça peut vouloir dire rester en vie, ou éviter d'être humilié, agressé ou tué, ou manger à sa faim, ou soigner ses enfants de façon à ce qu'ils puissent tenir une journée de plus. Il y a des milliers de cas de figure possible, et, au moment où j'écris, le malheur et la souffrances opèrent. L'accomplissement n'est certainement pas une nécessité, reste inenvisageable pour beaucoup. Il y a plein de choses avant qui entre en jeu.  

De mon côté, je me lamente et je tergiverse et je boude et je m'énerve, parce que je n'arrive pas à écrire une ligne qui a de l'allure, je parle du fameux bouquin que j'essaie de commencer. En fait, j'ai commencé (...). C'est de la bouillie pour les chats. Vaut pas de la merde. Pourtant, je persiste à croire et espérer (???) que pour moi, il n'y a pas d'autre façon de m'accomplir. Écrire un bouquin et être publiée. Ça fait des années que je pense à écrire. Ça fait des années que je tourne autour du pot. Ça fait des années que je perds mon temps à faire toute autre chose que ce qui m'apparait comme étant nécessaire. NÉCESSAIRE POUR M'ACCOMPLIR.

Si je pense comme ça, c'est que j'ai le luxe de le faire. Je baigne dans le luxe donc. Et donc, j'exige plus de la vie, de moi-même. J'exige de m'accomplir. C'est comme si je voulais sentir la grâce de me sentir accomplie sans fournir les efforts en ce sens. C'est une forme perverse de pensée insidieuse. Une pensée magique. Comme les petits enfants. Je crois qu'il faudra que je retombe dans la réalité. Je lis et relis les romans d'Annie Ernaux, et rêve d'écrire de façon aussi percutante qu'elle. Après 10 jours d'écriture à raison d'une demi-heure par jour, je me désespère de n'obtenir que des résultats médiocres. ALLO!!!! (je manque vraiment de maturité). Pourquoi ça ne me rentre pas dans la tête que la réussite ne vient qu'après un travail acharné, et que ce n'est pas humiliant d'avoir à travailler d'arrache-pied pour trouver sa voix, et éventuellement être bonne.

Il faut que je continue à réfléchir à mon travail d'écriture, que je ne lâche pas. Ça serait trop bête!!! (et trop facile). 

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