vie rétrécie
Cette semaine, sans faute, je dois et je vais faire au minimum un meeting AA. Cela a assez duré. Cette abstention de plus d'un mois est unique depuis que j'ai arrêté de boire et je n'aime pas ça. Toutes sortes de raisons plus légitimes les unes que les autres ont motivé mon absence des salles de meeting. Je ne vais pas me taper sur la tête ce matin. Le lundi matin, je dois être indulgente envers moi-même, surtout depuis que tout a changé au bureau, avec le départ de mon adjointe, collègue et amie depuis 8 ans, en novembre dernier. J'ai eu énormément de travail et j'ai été grippée deux fois en autant de mois. J'ai un nouvel adjoint que j'entraîne, et qui n'est pas mal, mais ce n'est pas pareil. Je me suis donnée à fond, j'ai fait du mieux que j'ai pu, mais ma vie a rétréci et tourne autour du bureau et de ma capacité à passer à travers les contraintes et autres impératifs liés à mon travail. Le reste, c'est de la récupération afin de passer à travers mes journées. Ma vie personnelle c'est lecture, écriture, soins de l'appartement et de ma personne, et repos. Rien d'autre. Tout ce qui n'est pas ça m'apparait comme une contrainte inenvisageable et inopportune. Et les meetings AA me sont apparus comme une contrainte, malheureusement. C'est pour ça que je parle de vie rétrécie. Il ne me semble pas que c'était comme ça avant. Mais avant quoi. Et que ce passait-il de plus significatif et excitant. En premier lieu, j'étais davantage dédiée aux Alcooliques Anonymes disons. J'allais faire religieusement au minimum deux meetings par semaine et étais davantage dédiée aux groupes. Deuxièmement j'avais ma fille avec moi, donc je n'étais pas tournée exclusivement sur moi-même et mes besoins, envies et désirs (...). Et puis j'avais davantage de santé. Mes intestins ne me faisaient pas souffrir régulièrement comme ils le font aujourd'hui, j'avais davantage d'énergie et je ne prenais pas de pilules pour dormir. Je lisais des livres plus exigeants intellectuellement et avais des amis avec qui j'entretenais des relations suivies et régulières. Néanmoins, je ne suis pas malheureuse, parce que je sais que les choses ont changé parce que je suis dans une espèce de transition, la périménopause, et que ma fille est partie il y a quelques mois, et que, sans m'appesantir sur mon cas, je sais que parfois dans la vie les choses ne sont pas idéales. Mais je connais le chemin que je dois prendre. En tout premier lieu, c'est le spirituel qui doit primer. Je ne l'ai pas lâché. Je fais mes lectures (liées aux AA) et je reste dans la gratitude et l'humilité. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est mieux que rien. Je ne lâcherai pas. Pour l'instant, ma vie est rétrécie, mais je ne suis pas au fond du baril.
Commentaires
Enregistrer un commentaire