communication nulle ou impossible

La discussion poche que nous avons eue, hier, ma soeur et moi, concernant la visite de sa fille à mon bureau n'arrête pas de tourbillonner dans ma tête. Je revis notre échange, j'y rajoute des arguments neufs, me vois l'écrabouiller dans un coin avec mes bons arguments et mes nerfs d'acier. Tous ces scénarios surgissent constamment sans que je ne fasse rien pour les voir apparaître. On appelle ça la rumination. C'est la façon pour l'ego de prendre le dessus, de se donner de l'importance. Ça n'apporte rien de bon. Dans le passé, je ruminais beaucoup. C'était mon activité favorite. Je ruminais, et je ne faisais rien avec ça. Cependant, ces ressassements menaient invariablement à une perte réelle de contact avec la réalité, la cristallisation de ressentiments tenaces et malsains, une forme de victimisation et la haine de moi-même. C'est tout-à-fait le contraire de la responsabilisation, et ça mène à l'apitoiement extrême. C'est un processus extrêmement pervers qui m'a toujours desservie. C'est pourquoi je dois arrêter ces pensées dès qu'elles éclosent. Depuis hier soir, je ne fais que cela. Je me bats contre moi-même.

Je suis en grande partie responsable de la situation. J'ai perdu les pédales. J'avais un mauvais feeling dès que la conversation a commencé. J'ai été sèche et implacable, froide et super rationnelle. Cela a probablement déclenché chez ma soeur son réflexe de bourgeoise mal embouchée avec son petit ton professoral, condescendant et mesuré, ses mots qui ne veulent pas dire grand-chose, complètement déconnectés de ses vraies émotions. J'ai parlé avec ma tête, et elle aussi. Elle m'a interrompue, je l'ai interrompue. Le discret petit bal des ego froissés a fait son travail de sape sans qu'il n'y ait aucune synchronicité de nos phrases et de nos sentis. Toutes sortes de mauvaise émotions ont traversé nos mots et nos âmes, si j'ose dire.

Nous n'avons pas confiance en l'autre. Nous sommes sur un champ de bataille. Ça fait des années que ça dure. C'est pathétique, et malheureux. Nous sommes du même sang, avons partagé le même utérus, la même enfance, les mêmes parents. Et puis nous n'arrivons pas à nous accueillir. À chaque fois, je me gratte la tête d'incompréhension et d'hébétude. C'est une rechute, genre.

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