PETITES LÂCHETÉS DU SAMEDI MATIN
Vivre seule c'est dangereux pour la santé. De très mauvaises habitudes sont prises, pas de témoin. Et les pensées vont dans toutes les directions, il n'y a rien pour les arrêter. Et tout faire seule, sans compagnie, ça devient triste à la longue. Il y a trop de choix et trop de liberté, et finalement tout devient inutile, insensé. Entre faire ou ne pas faire, finalement ça revient au même, pas de témoin, personne pour objecter ou consentir, ou encourager.
Alors on se demande à quoi rime tout ça, pensée dangereuse. On fait tout pour soi, alors il n'y a plus le contentement d'être utile, c'est comme être égoïste, tout tourne autour de soi, de ses besoins et satisfactions, et à un moment donné on se demande combien de temps encore il reste, est-ce que ça va durer encore comme ça longtemps. Combien de temps à tirer. Pas trop quand même, parce que les facultés diminuent, les pensées sont trouées, les désirs physiques disparaissent, les capacités physiques s'amenuisent, apportant encore moins de satisfactions.
Les pertes sont perçues comme une punition, après une vie tournée vers la recherche de sens, de validation de son existence. Et voilà que des choses sont retirées, la beauté, les facultés. On regarde son corps et il devient laid. On le couvre davantage du regard d'autrui. On fait la même chose avec ses pensées, on les cache parce qu'elles ne sont pas nécessairement très jolies.
D'année en année, on a plus froid. Les couvertures s'amoncellent et on se noie dans les tissus, vision loin d'être touchante. On mange mou, facile à digérer. Une selle parfaite, c'est le bonheur, retour à l'enfance.
Aller plus loin et plus vite n'est pas une option. On se demande qu'elle sera la prochaine chose à lâcher dont on devra faire le deuil. En attendant, on devient précautionneux, des fois qu'on ait un accident qui nous endommagerait davantage et précipiterait les choses vers la vraie souffrance, tellement redoutée, être malade, aller à l'hôpital, perdre son autonomie, faire garder sa chatte par des étrangers en attendant. Oh non.
Les pertes sont terrifiantes. On les sent dans tout son être. C'est comme honteux et c'est difficile d'en parler aux autres parce que ça fait peur, et on n'est pas obligée d'être un oiseau de malheur. C'est lâche de faire ça aux autres.
Vieillir seule dans la sagesse et la maturité, et rayonner. Sans avoir peur de tout et de rien. C'est nul je trouve.
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