le dernier bouquin d'Henning Mankell écrit avant de mourir
Nous sommes dimanche, je viens de finir le dernier livre qu'a écrit Henning Mankell avant sa mort, "Les bottes suédoises". Très bien. C'est triste de lire le dernier livre d'un auteur qui n'aura jamais vu son livre publié avant sa mort. Il est décédé à l'âge de 67 ans, en octobre 2015, d'un cancer. C'est jeune je trouve pour mourir. Une chose est certaine, c'est qu'il est (était) un auteur cru, sans être jamais déplacé, et très fort en thème. Je ne peux pas dire que son livre soit essentiel, mais il l'a écrit, y a mis son énergie, son talent, son temps et c'est gigantesque. Dieu que j'admire les écrivains. Pour leur ténacité, leur persévérance, leur talent, et cette capacité de croire en leur oeuvre au point d'aller jusqu'au bout de l'écriture et de la publication et de tout ce qui s'en suit et qui n'est certainement pas de tout repos, et pas nécessairement facile pour l'ego. Le regard extérieur, les rapports avec la maison d'édition, la promotion, les séances de lecture éventuelles, les séances de signature, les critiques. Le succès ou son abyssale absence. Le sentiment de ne pas être lu, ou compris, ou aimé. La création pure, lorsqu'on porte ses fruits au monde, doit être comme un accouchement, mais sans les plaisirs intimes et jouissifs de garder pour soi son bonheur.
Je suis tellement désespérée de sentir que je n'arriverai jamais à écrire une ligne satisfaisante, et que, même si ça arrivait, je n'aurais jamais le courage de montrer mon travail à qui que ce soit. Je suis découragée à l'avance par l'impossibilité de me concentrer sur un travail qui m'apparaît à l'avance vain et inutile, et voué à l'échec. Je suis découragée de savoir à l'avance que si on ne me tient pas par la main, il n'y aura jamais rien de moi qui apparaîtra aux yeux du monde (quels yeux, quel monde). Ça me semble une montagne absolument impossible à escalader. Et quand je dis impossible, le mot ne décrit pas l'entièreté du sentiment qui me submerge.
Finalement les vacances auront peut-être servi à ça, à constater l'impossibilité pure et dure de mon projet d'écriture. Pas de sujet d'écriture en tant que tel, pas de passion réelle, qui motive et qui booste, pas d'objectif clair, pas d'enthousiasme à toucher un "public" fantomatique qui ne me dit rien qui vaille, aucune velléité de changer, d'instruire ou d'amuser le monde. La seule chose qui subsiste toujours, c'est mon admiration sans limite pour les écrivains qui ont réussi leur projet d'écriture et qui ont atteint, d'une certaine façon, mon âme de lectrice et une forme de perfection ou d'absolu. Mais eux, les écrivains, l'ont-ils senti ce bienfait qu'ils allaient transmettre par leur force de travail? N'ont-ils pas fait fi, au contraire, d'un public imaginé, pour se concentrer sur la tâche à accomplir? Comment ont-ils fait pour se convaincre que leur besogne était assez importante pour qu'ils y passent de très longs moments, et ont même sacrifié mille et une choses pour atteindre leur objectif? Comment ont-ils surmonté le doute et le dégoût de ce travail purement personnel, qui ne se nourrit que de l'imagination de leur auteur, et qui ne tient la route que par la foi, finalement?
C'est quoi la volonté de Dieu pour moi, concernant l'écriture?
Finalement les vacances auront peut-être servi à ça, à constater l'impossibilité pure et dure de mon projet d'écriture. Pas de sujet d'écriture en tant que tel, pas de passion réelle, qui motive et qui booste, pas d'objectif clair, pas d'enthousiasme à toucher un "public" fantomatique qui ne me dit rien qui vaille, aucune velléité de changer, d'instruire ou d'amuser le monde. La seule chose qui subsiste toujours, c'est mon admiration sans limite pour les écrivains qui ont réussi leur projet d'écriture et qui ont atteint, d'une certaine façon, mon âme de lectrice et une forme de perfection ou d'absolu. Mais eux, les écrivains, l'ont-ils senti ce bienfait qu'ils allaient transmettre par leur force de travail? N'ont-ils pas fait fi, au contraire, d'un public imaginé, pour se concentrer sur la tâche à accomplir? Comment ont-ils fait pour se convaincre que leur besogne était assez importante pour qu'ils y passent de très longs moments, et ont même sacrifié mille et une choses pour atteindre leur objectif? Comment ont-ils surmonté le doute et le dégoût de ce travail purement personnel, qui ne se nourrit que de l'imagination de leur auteur, et qui ne tient la route que par la foi, finalement?
C'est quoi la volonté de Dieu pour moi, concernant l'écriture?
Commentaires
Enregistrer un commentaire