accro aux séries en streaming
Je suis membre des Alcooliques Anonymes depuis onze ans. Je n'ai rien pris qui gèle ou qui réchauffe le sang depuis juillet 2005. Je suis sobre en tout temps. Je prends certains médicaments, dont un léger antidépresseur (Celexa 20 mg) que je ne me résous pas à lâcher de peur de sombrer dans les Grandes Noirceurs. Si je faisais plus de meetings AA, la question des antidépresseurs ne se poserait pas. Absolument convaincue de cela. Mais faire du meeting, ça prend du temps. Il faut s'habiller, sortir, se rendre, être là. Ça enlève des belles soirées de lecture. Mais, depuis quelques mois, je ne lâche pas ces fameuses séries en streaming dont je suis avide je dirais. Je trouve cela un peu inquiétant, des saisons entières de séries excellentes, soit, mais une forme d'addiction graduelle. Et je lis moins. Les images, c'est moins demandant que la lecture, qui demande un certain effort intellectuel, de la concentration, une forme d'engagement, je dirais. Plus je regarde ces satanées séries, moins la lecture m'apparaît une voie évidente. Les séries, c'est du pur loisir, la lecture, c'est un mode de vie. Et voilà que je me vautre dans la facilité. Et si je regarde des séries plutôt que de faire des meetings AA qui sont fondamentales pour mon âme, et que par conséquent je continue l'usage d'antidépresseurs afin d'être capable de gérer mon existence normalement, c'est questionnable et navrant. On vit à une époque de grandes facilités, d'images innombrables qui, d'une certaine façon, gèlent. Chez moi, en toute quiétude, le monde s'offre à moi. Sans que je bouge le petit doigt, sans que je m'engage dans la vie sociale d'aucune façon, je trippe dans ma tête, confortablement installée dans mon fauteuil.
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